La wilaya de Khenchela ne sait toujours pas comment consommer ses budgets annuels alors qu'elle souffre d'un sous-développement chronique et d'un énorme retard dans la réalisation des programmes autorisés et financés par le gouvernement. C'est la conséquence d'un laisser-aller des responsables, lesquels, pour diverses raisons, n'ont pas pu assurer un développement à la mesure de cette région qui se sent oubliée. Les 21 communes de la wilaya totalisent plusieurs projets qui ne sont pas encore inscrits au niveau de la Direction de la programmation et du suivi budgétaires (DPSB), du fait que les budgets qui leur ont été alloués n'ont pas été consommés ou l'ont été très faiblement, à un taux de 46 % seulement, tant pour le Programme de développement local (PCD) que le Programme sectoriel de développement (PSD). Cela signifie simplement que plus de la moitié du budget alloué aux équipements publics va être renvoyée au Trésor comme d'habitude, au moment où les populations des communes de la wilaya endurent les pires conditions de vie, et que nombre de localités vivent carrément à l'âge presque primitif. Il faut cependant noter qu'en l'espace de deux ans, il y a eu une amélioration sensible du taux de consommation de ces crédits, ce dernier passant de 13 % à 46 %. Seule la Direction de la santé et de la population a pu consommer la totalité de son budget dans les délais impartis, tandis que d'autres directions exécutives se sont limitées au taux très faible d'à peine 3 % ! Pendant des années, jusqu'en 2015, la wilaya de Khenchela ne dépassait pas le taux de 13 % de la consommation des budgets d'équipement. Face à cette situation préoccupante, le chef de l'exécutif, Kamel Nouicer, en poste depuis juillet dernier, n'a pas caché sa colère il y a quelques jours à l'encontre de ses collaborateurs, des directeurs d'exécutif et des présidents d'APC, lors d'une réunion d'évaluation des programmes de l'année 2017, pointant leur négligence et leur incapacité à dépenser les budgets annuels attribués aux communes et les budgets sectoriels pilotés par les représentations locales des ministères concernés, principalement les Travaux publics, l'Habitat, l'Hydraulique et l'Education nationale. Cette réunion s'inscrit aussi dans l'étape de finalisation du budget prévisionnel d'équipement pour 2018 propre à la wilaya de Khenchela, et ce, à la demande du ministère des Finances dans le cadre de la loi de finances pour l'année à venir. Le wali a mis en garde l'ensemble des élus et responsables locaux, à l'effet d'inscrire et de lancer les grands projets de développement dans chaque commune avant la clôture officielle de l'exercice budgétaire 2017.
UNE SERIE DE BLOCAGES Le wali semble prêt à sévir lourdement à l'encontre des directeurs d'exécutif notamment, afin de relancer la dynamique de développement local, de booster la consommation des budgets d'équipement et de rattraper l'énorme retard dans la réalisation des projets : il ira jusqu'à déclarer que «des mesures seront prises, si nécessaire, afin de remplacer les cadres administratifs qui ne parviennent pas à suivre la cadence de travail imposée». Les observateurs locaux des questions économiques sont plutôt sceptiques sur les possibilités de remise en marche de la machine administrative tant les lourdeurs bureaucratiques ont la peau dure à Khenchela, à l'image de l'administration fiscale et des services chargés du contrôle des finances publiques pointés du doigt. Par ailleurs, d'autres blocages sont signalés pour expliquer le faible taux de consommation des budgets d'équipement : appels d'offres qui sont dans la plupart des cas infructueux, études des marchés traînant en longueur, corruption tentaculaire faisant fuir nombre d'entreprises de réalisation, manque d'entreprises réellement qualifiées pour les gros projets, etc. Le wali a lancé un appel à l'effet de prendre les mesures nécessaires pour accélérer la mise en œuvre des opérations budgétisées d'équipement qui n'ont pas encore été lancées, en particulier celles qui touchent la vie quotidienne des citoyens, notamment l'assainissement, la voirie, l'approvisionnement en eau potable, les routes, l'urbanisation. Il a exhorté les responsables des secteurs concernés à faire preuve de détermination et de disponibilité pour achever rapidement les opérations en cours et lancer celles qui n'ont pas encore démarré. Le wali devrait, selon nombre de citoyens interrogés par El Watan, exiger des résultats de tous les responsables concernés, à tous les échelons, surtout que certains d'entre eux, ainsi que la plupart des maires, sont à leur poste depuis de très longues années sans pour autant avoir brillé en matière de compétence et d'efficacité. Le wali, dont c'est le premier poste, sait lui-même qu'il est sous observation permanente du gouvernement. Ce dernier attend de lui des résultats concrets et chiffrés en matière de gestion des budgets non encore consommés. Il y va de l'affectation de nouveaux moyens financiers pour l'année 2018, dans un contexte très difficile caractérisé par une contraction et une rationalisation des dépenses publiques.