Le Premier ministre Ahmed Ouyahia présente aujourd'hui à l'Assemblée populaire nationale (APN) le plan d'action du gouvernement. Si le chef de l'Exécutif s'est assuré du soutien total de la majorité parlementaire, il n'échappera pas, toutefois, aux sévères critiques des partis de l'opposition qui envisagent de demander des explications, non seulement sur la situation économique, mais surtout sur la crise politique que vit le pays. Est-il normal et sensé de clôturer une session parlementaire par le débat et le vote d'un plan d'action du gouvernement et d'entamer une nouvelle session par un débat autour d'un nouveau plan d'action du gouvernement ? Cette interrogation est sur toutes les lèvres. Les députés, toutes obédiences confondues, s'interrogent sur les raisons du limogeage de Abdelmadjid Tebboune. Les députés du Parti des travailleurs (PT) qui ont étudié le document du gouvernement pensent qu'il s'agit là d'un «concentré de contradictions». Le plan d'action de l'Exécutif fait, d'après le député Taazibt, abstraction des sujets qui ont capté l'attention des citoyens il y a peu de temps, telles la séparation de l'argent de la politique ou encore la lutte contre l'évasion fiscale. Les problèmes cruciaux que vivent des secteurs comme la santé, l'université, le commerce extérieur, la désindustrialisation... sont abordés, explique le député, avec une déconcertante légèreté. Pour le PT, la feuille de route du gouvernement propose, ni plus ni moins, que la poursuite et l'approfondissement de la même politique qui a mené le pays à la faillite actuelle. «Cette faillite n'est pas le résultat de la chute des prix des hydrocarbures, mais elle a dévoilé l'incapacité du système à régler le moindre problème», affirme notre interlocuteur regrettant l'absence d'un plan d'urgence pour récupérer les impôts non recouvrés équivalant à 120 milliards de dollars, ni pour récupérer les biens publics spoliés, ni pour réformer la politique d'imposition et encore moins la rupture avec le diktat des lobbies dans le commerce extérieur. «La planche à billets est une fuite en avant dangereuse et provoquera une inflation. On sera attentif à la présentation et aux réponses du Premier ministre à nos interrogations et inquiétudes», explique Taazibt. Le MSP, qui conteste dans le fond et la forme le contenu de la feuille de route du gouvernement, a d'ores et déjà tranché pour le rejet de ce document. «Nous n'allons pas voter contre et nous n'allons pas passer sous silence le mépris du gouvernement à l'égard de l'institution parlementaire. Nous allons évoquer également l'instabilité politique et institutionnelle et l'absence d'une vision et stratégie du gouvernement», note Hamdadouche, chef du groupe parlementaire du MSP. L'opposition, selon lui, ne donnera pas raison au gouvernement, bien au contraire, elle va l'accabler. «Aujourd'hui, le gouvernement confirme par les chiffres l'existence d'une crise économique et a créé un climat de phobie, notamment en ce qui concerne sa gestion de la crise économique qui secoue le pays», accuse le député du MSP. Les députés du parti dirigé par Djaballah vont s'attarder lors des débats sur les contradictions contenues dans la feuille de route du gouvernement et interroger le Premier ministre sur le sort des initiatives annoncées en grande pompe par son prédécesseur, notamment l'appel au dialogue pour un consensus économique, la question des subventions ou encore la question de la lutte contre l'argent sale.` Pour sa part, le RCD qui critique l'alarmisme du gouvernement pense que «la construction d'une économie performante a besoin d'institutions crédibles, d'une stratégie issue d'un consensus avec des objectifs annoncés et d'une allocation transparente des ressources». Par ailleurs, le FFS compte reproduire le même scénario que la session dernière en se contentant d'une seule intervention, celle du chef du groupe parlementaire. . .