Relevez-vous, relevez-vous ! On est tout le temps à vous relever !... » C'est dans l'une de ses plus belles pièces historiques, La reine morte, que le grand Henri de Montherlant a placé cette terrible exclamation dans la bouche du roi de Navarre, le roi Ferrante, excédé par la bassesse de ses propres courtisans et relevant l'un d'entre eux, venu se prosterner devant lui, par une sorte de réflexe de génuflexion. Je ne sais pas pourquoi cette exclamation –- très royale, elle – m'est venue à l'esprit en prenant connaissance des divers « remous de presse » autour du voyage au Moyen-Orient de Madame la candidate socialiste à la présidentielle française. En faisant ses premiers pas diplomatiques de présidentiable au Moyen-Orient, chaperonnée par un mentor « de qualité », le député socialiste Julien Dray, une sorte de « sioniste assermenté » si j'ose dire, Mme Ségolène Royal semble s'être donné d'emblée une solide assurance tous risques contre toute attitude ou prise de position qui déplairait au gouvernement israélien et partant, à l'électorat prosioniste de France. Une France devenue schizophrène et où l'on se demande quelles significations peuvent encore avoir aujourd'hui les concepts de droite ou de gauche. La preuve, la polémique excessive, stupide mais déjà bien dépassée, polémique soulevée par les médias français, en majorité sous contrôle sioniste, suite aux propos du député chiïte libanais Ali Ammar, – tenus en présence de Ségolène Royal, au cours d'un dîner offert en son honneur – faisant le parallèle entre les exactions criminelles et destructrices de l'armée sioniste au Liban et les crimes des nazis en France... En effet, dès qu'elle se fut trouvée en « terrain ami », c'est-à-dire en Israël, et comme pour écarter la moindre accusation venant d'Israël, Mme Royal est allée beaucoup plus loin que là où l'attendait le gouvernement d'Ehud Olmert, puisqu'elle vient de faire sienne la position israélienne sur le nucléaire iranien, en déclarant : « Je considère que là se trouve le plus grand danger pour la sécurité d'Israël et du monde et pas seulement d'Israël d'ailleurs, de toute cette partie du monde, et qu'il ne faut pas laisser l'Iran accéder au nucléaire civil… Je considère en effet que laisser l'Iran maîtriser cette technologie et l'enrichissement de l'uranium, si cette première étape est franchie, alors il sera quasiment impossible d'empêcher l'accès au nucléaire militaire… » Bien entendu, personne parmi les journalistes présents à sa conférence de presse n'a pensé demander à Mme Royal si les bombes à l'uranium appauvri envoyées l'été dernier par l'aviation criminelle israélienne sur les populations civiles libanaises étaient fabriquées au centre nucléaire de Dimona en Israël ou bien au centre d'Arak en Iran. Personne non plus n'a pensé à lui demander comment elle s'y prendrait, elle, pour aller démanteler le programme nucléaire iranien. Mme Royal serait-elle déjà en train de confondre Iran et Satrapie ? Puis, poursuivant plus avant ses déclarations, Ségolène Royal asséna en guise de conclusion : « Toute autre prise de position ne me paraît pas responsable… Tous ceux qui pensent le contraire font preuve de naïveté et moi, je ne suis pas naïve. » C'est vrai qu'elle n'est pas naïve la petite dame ! En tout cas beaucoup moins naïve que cette pauvre Françoise de Panafieu, députée UMP de Paris, célébrissime pour son militantisme sans complexes en faveur de la réouverture des maisons closes… et qui s'est arrangée – par pur hasard – pour se trouver le même jour que Ségolène Royal à Jérusalem, avec pour mission de déposer d'urgence une couronne de fleurs aux armes de la mairie de Paris, au pied de Yad Vashen, le mémorial de la Shoah, avant que sa rivale politique ne fasse de même. C'est assez dire que la France entière, je veux dire la France des candidatures, dans ses deux hémisphères politiques, semblait n'avoir rien à faire de plus pressé en cette journée du lundi 4 décembre, que de venir s'agenouiller à Canossa. Pardon, aujourd'hui on dit Jérusalem !.