L'hommage rendu les 3 et 4 décembre à la mémoire de Saïd Mekbel, à Béjaïa à l'occasion du 12e anniversaire de son assassinat, aura été celui de l'émotion, de la ferveur et du souhait réaffirmé, par les participants, de voir l'acte de célébration se prolonger en dynamique de débats. La meilleure façon de rendre hommage à Saïd Mekbel est de perpétuer son combat. Une idée simple qui s'apparente beaucoup à un slogan, mais qui, déclinée par les voix des nombreux anonymes, prend la vibration d'un engagement qui ne demande qu'à être canalisé. La conférence-débat, qu'ont animée Chawki Amari, chroniqueur à El Watan, Maâmar Farah, chroniqueur également et membre fondateur du Soir d'Algérie, ainsi que Arezki Tahar, ami de Saïd Mekbel, s'est adressée à un auditoire qui n'a pas seulement compris des animateurs de la société civile ou des journalistes, mais beaucoup de lecteurs anonymes (dont de nombreux jeunes) et décidément assidus de ces chroniques saluées majoritairement comme des îlots de liberté dans les journaux. A la fois critiquée et encensée, la presse s'est révélée encore une fois comme l'acteur sur lequel les citoyens fondent l'espoir d'une Algérie plus ouverte sur la modernité. Des participants plus ou moins initiés trouveront ainsi, sur le ton de l'inquiétude, que les contenus ne sont plus aussi libres qu'auparavant dans les pages des journaux, que l'autocensure est visible à l'œil nu, qu'il se passe des choses qu'ils ne comprennent pas tout à fait. D'autres, par contre, trouveront que l'on fait trop peser sur les épaules des journalistes et qu'il ne faut pas attendre de lui qu'il comble le vide laissé par la défaillance des acteurs sociaux et politiques. Un débat franc en somme où l'humour inspiré de Chawki Amari, l'humilité touchante de Maâmar Farah et le verbe émouvant de Arezki Tahar ont tout simplement charmé. Des propositions allant dans le sens de concrétiser la fidélité renouvelée au combat de Saïd Mekbel à travers, entre autres, l'érection d'une stèle ou d'une plaque commémorative dans la ville de Béjaïa, l'institution de concours annuels en son nom, sont autant de propositions formulées par les présents. Le groupe organisateur de la manifestation, le Collectif des amis de Saïd Mekbel s'est dit quant à lui prêt à maintenir l'élan et à engager les contacts pour élargir le cercle à toutes les volontés pouvant apporter leur contribution.