L'Institut Cervantès est une institution culturelle dépendant du ministère des Affaires étrangères espagnol. A l'instar d'autres structures similaires implantées à travers le monde, l'Institut Cervantès d'Oran se consacre à la promotion et à l'enseignement de la langue et de la culture espagnoles et hispano-américaines. Sa nouvelle directrice a rendu, hier, une visite de courtoisie à la rédaction d'El Watan à Oran. A cette occasion, elle s'est exprimée, dans un entretien, sur les projets de l'institution qu'elle dirige. L'Institut que vous dirigez porte le nom de Miguel Cervantès, grand écrivain espagnol qui a passé cinq ans de captivité en Algérie. Depuis 2006, l'Institut Cervantès d'Oran a déployé d'intenses activités. Vous avez été récemment installée à la tête de cet Institut à Oran. Quels sont vos projets ? Je voudrais bien souligner qu'à mon arrivée, j'ai été très bien accueillie à Oran. Je voudrais dire à tous les Oranais, soyez les bienvenus dans notre institut. Je m'inscris dans la continuité de ce qui a été réalisé avant ma prise de fonction, tant sur le plan culturel que dans l'apprentissage de l'espagnol, une langue tant aimée par beaucoup d'Oranais. C'est une langue parlée par 500 millions d'habitants à travers le monde. Apprendre l'espagnol est un investissement qui ouvre beaucoup de perspectives et d'opportunités. J'ai rencontré des recteurs d'universités à Oran qui m'ont fait état de beaucoup d'échanges avec des partenaires espagnols et latino-américains. Etudier l'espagnol dans notre institut ne consiste pas uniquement à apprendre la langue, mais aussi vous offre l'occasion de connaître et de découvrir les différentes cultures du monde hispanique. Apprendre l'espagnol permet aussi éventuellement de participer au programme d'Erasmus (Programme d'échange d'étudiants et d'enseignants entre les universités, les grandes écoles européennes et des établissements d'enseignement à travers le monde, NDLR). Du point de vue de la culture, je pense que nous avons un riche patrimoine culturel commun. Nous partageons cette culture méditerranéenne. Nous voulons enrichir la culture locale avec la culture espagnole. Nous souhaitons travailler en commun sur le plan culturel. Je compte sur tous les acteurs de la ville d'Oran, qu'ils soient dans le domaine culturel ou associatif. Nous sommes à leur service. Nous travaillons aussi en collaboration avec les institutions. Nous offrons un lieu de rencontre pour les spécialistes de plusieurs domaines. Nous invitons continuellement des chercheurs et des auteurs à des débats, à des discussions et à des séminaires sur la littérature, l'art, le cinéma et l'histoire. Dans notre programme culturel, nous offrons des activités en rapport avec le théâtre, la danse, la musique, la littérature, l'art, l'architecture et la gastronomie. Dans le domaine sportif, j'ai appris que la Fédération algérienne de cyclisme organise un événement à proximité de la ville où j'habite en Espagne. J'ai alors sollicité son premier responsable (un Oranais) pour lui proposer d'organiser un circuit cycliste pour sensibiliser l'opinion sur la nécessité de lutter contre la pollution. Que proposez-vous pour les enfants et les étudiants ? Notre institut assure des cours généraux et spécialisés de langue espagnole. Il y a une forte demande en la matière. Nous voulons bien travailler avec les écoles. Nous souhaitons faire découvrir la langue et la culture espagnole aux enfants. Apprendre l'espagnol est une belle opportunité. Pour les étudiants, l'Institut Cervantès propose des cours d'espagnol et la certification, avec à la clé la délivrance d'un diplôme attestant des différents niveaux de compétence et de maîtrise de la langue espagnole (ces diplômes sont délivrés par l'Institut Cervantès au nom du ministère espagnol de l'Education, NDLR). En 2016, l'Institut Cervantès a formé 1300 étudiants en langue espagnole. Ce chiffre a permis à notre institut de se hisser parmi les dix premiers dans le monde en la matière. Notre bibliothèque propose une riche collection en littérature, en didactique et en linguistique espagnole, ainsi qu'un support multimédia composé de films, de documentaires, de musique et de ressources électroniques. Cette bibliothèque est ouverte aux élèves de l'Institut Cervantès, ainsi qu'à toute personne éprise de la langue et de la culture espagnoles et hispano-américaines. Dans le domaine du patrimoine, avez-vous des projets en partenariat avec le département d'architecture de l'université d'Oran et les architectes locaux ? Je suis architecte et enseignante à l'université. Dès mon installation comme directrice de l'Institut Cervantès d'Oran, j'ai visité le riche patrimoine que compte Oran. Mon projet est de travailler pour arriver à la possibilité de mobiliser des fonds européens ou issus du monde arabe pour la réhabilitation de ce patrimoine. J'ai discuté avec des architectes oranais et avec la rectrice de l'USTO. J'ai un rendez-vous avec le doyen du département de l'architecture. Je veux faire venir des experts en patrimoine et dans la réhabilitation des villes. Une ville peut se transformer complètement à l'occasion de grands événements. C'était, par exemple, le cas de Barcelone lorsqu'elle avait accueilli les Jeux olympiques. Ce sera le cas aussi pour Oran qui organisera les Jeux méditerranéens en 2021. Je voudrais aussi travailler sur le patrimoine fortifié. J'ai découvert que le fondateur du fort de Santa Cruz est originaire de ma ville. (Le fort de Santa Cruz a été érigé entre 1577 et 1604 à Oran par les Espagnols, NDLR). Je lance un appel à travers votre journal pour dire que nous soutenons les travaux de tous les Hispanistes et nous sommes prêts à mettre en relation les chercheurs hispaniques exerçant à Oran avec leurs homologues espagnols qui travaillent sur les mêmes thèmes. Notre institut est un espace ouvert, un lieu d'échange et de partage.