Le président du MSP ne veut pas trop s'étaler sur ses fracassantes déclarations et se contente de dire qu'il est en contact permanent avec les autorités judiciaires. Pas de dossiers. Pas de noms non plus. Boudjerra Soltani n'ose pas le dire. Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a bien laissé cette impression hier en marge de la rencontre des cadres de son parti à Alger, lorsque, acculé par les journalistes il dira : « Nous ne sommes pas là pour juger les gens. » « Notre lutte contre la corruption est d'ordre politique. Elle ne doit pas se transformer en une bataille juridique. Sinon nous risquons de la perdre », a-t-il indiqué. A demi-mot, M. Soltani est revenu sur ses fracassantes dernières déclarations dans lesquelles il affirmait, il y a quelques jours, avoir en sa possession de lourds dossiers de corruption sur de hauts responsables de l'Etat. Le président du MSP a cependant refusé de divulguer des noms. Il n'a pas voulu confirmer s'il a remis les dossiers dont il a parlé aux juridictions concernées. « Vous n'avez pas le droit de me poser cette question », répliquera-t-il sèchement à un journaliste qui voulait savoir s'il a bien remis ces dossiers aux autorités judiciaires ou pas. Evasif, il s'est contenté, par la suite, d'affirmer qu'il est « en contact permanent avec les autorités judiciaires ». Auparavant, lors de son intervention d0evant les cadres et les responsables de la communication au niveau des bureaux de wilaya du parti, M. Soltani ne s'est pas gêné de réaffirmer haut et fort que la lutte contre la corruption est placée comme principale priorité de sa formation et que ce fléau est largement répandu au sein des institutions de l'Etat. Tout en précisant qu'il ne s'agit nullement de mener une « lutte armée » contre ce fléau, le président du MSP a souligné que, par son action, son parti tente d'alerter l'opinion nationale et de sensibiliser la société sur ce mal qui ronge le pays. « Je ne suis pas détective privé pour mener des enquêtes », détonnera-t-il, comme pour répondre à ceux qui lui reprochent le fait de se contenter de « dénoncer » sans agir. Dans le même sillage, M. Soltani, qui est également ministre d'Etat sans portefeuille, précisera que son parti ne peut nullement se substituer au gouvernement ni encore moins à « l'Etat », seuls aptes, d'après lui, à agir à travers leurs appareils répressifs. Aussi, le numéro un de l'ex-Hamas a rejeté l'idée selon laquelle son parti est en train d'utiliser le dossier de la corruption comme « carte électorale ». « Il n'y a aucune arrière-pensée électoraliste derrière notre lutte contre la corruption », a-t-il tonné. Selon lui, les prochaines élections électorales vont se dérouler normalement. « Ce ne sera pas la fin du monde. Il y aura inévitablement des gagnants et des perdants. Puis, il y aura un peu de bruit… et la vie politique reprendra son cours normal », a-t-il indiqué.