La CNEP réclame son argent Un parc de 1500 logements EPLF a été réquisitionné par les pouvoirs publics, a affirmé, hier, le président du Groupement d'intérêt commun (GIC) des EPLF, Mohamed Selkim, lors d'une conférence de presse animée au forum d'El Moudjahid, à Alger. Il précise que « les EPLF n'ont perçu, à ce jour, aucun centime sur ces logements », mettant l'opérateur immobilier dans une situation de conflit avec son principal bailleur de fonds, la CNEP. Le préjudice financier est évalué à des milliards de dinars que réclame la CNEP. A cet effet, M. Selkim demande au gouvernement d'arbitrer le conflit EPLF-CNEP en ordonnant l'effacement total des intérêts et la mise en place d'échéanciers au remboursement du principal. En revanche, les EPLF détiennent des créances d'un montant de 4 milliards de dinars sur les collectivités locales, entreprises et bureaux d'études dissous. Concernant le programme lancé par le gouvernement pour la réalisation de 1 million de logements d'ici 2009, les EPLF comptent construire 50 000 unités dans le programme promotionnel et 40 000 dans le programme social participatif. 19 438 unités sont en cours de réalisation, tandis qu'un programme de 33 059 est en étude. Le total réceptionné au 31 décembre 2005 est estimé à 88 398 logements. En termes de contrainte, le responsable du GIC des EPLF a mis l'accent sur le problème d'accès au foncier, en sus de la difficulté du financement des projets, sachant que la CNEP a arrêté son apport depuis 1996. En guise de palliatif, le GIC prévoit la création d'une caisse pour permettre aux 19 EPLF de financer leurs programmes. L'autre écueil relevé par M. Selkim a trait au statut des EPLF qui a constitué un frein pour leur développement. Dès leur création en 1986, les EPLF étaient érigées en EPL (Entreprise publique locale), avec des statuts incohérents, dont l'organe de gestion est le conseil de surveillance présidé par le wali. Elles subissaient le monopole des collectivités et de la CNEP qui imposait le lieu d'implantation des projets, le listing des acquéreurs et le taux d'intérêt. Cependant, déplore M. Selkim, en cas de méventes, seules les EPLF en pâtissaient. En 1997, les EPLF accèdent au rang d'EPE (Entreprise publique économique) mais, restaient victimes de l'ingérence des autorités locales jusque dans les prix de cession et ont subi l'arrêt unilatéral du financement CNEP, la mévente sur certaines opérations pour raisons sécuritaires, l'abandon de chantiers par les entreprises publiques dissoutes, le squat et le sabotage de logements. M. Selkim affirme que, contrairement à d'autres entreprises, les EPLF n'ont bénéficié d'aucun assainissement financier lors de leur passage à l'autonomie. Le président du GIC EPLF demande la révision de l'aspect juridique par la mise en place d'une entité spécifique aux EPLF. Il souhaite, également, la facilitation de l'accès au foncier par les pouvoirs publics en accordant aux EPLF la cession des terrains domaniaux de gré à gré lorsque les programmes jouent un rôle social en relogeant des sinistrés, des ayants droit et l'affectation de locaux à l'emploi de jeunes. Le conférencier n'a pas manqué de soulever la difficulté inhérente au permis de construire qui devient un vrai parcours du combattant dans un environnement administratif bureaucratique et contraignant. « Sans permis de construire, les EPLF ne lancent pas de projets », a-t-il déclaré. Il a déploré, en outre, la mentalité du « baylek », puisque la gestion de la copropriété n'arrive pas à se mettre en œuvre en dépit de l'existence de la loi 83/03 qui prévoit la prise en charge des espaces communs. L'orateur a, aussi, reconnu la médiocrité des logements construits avant, car ne répondant pas aux normes. « L'absence de maîtrise d'ouvrage a engendré des cités catastrophiques », a admis le président du GIC des EPLF.