Les élections locales qui viennent de se tenir achèvent un cycle électoral qui a commencé en 2014. Le pouvoir, qui s'échine à clamer que le pays vit dans la stabilité, refusant de voir un statu quo dont les lendemains sont incertains, a donc réussi le pari de tenir les rendez-vous électoraux dans leurs délais. Il en est ainsi depuis 1997, année officielle du retour «au processus démocratique». Mais depuis 20 ans, les élections donnent pratiquement les mêmes résultats : en plus de la «victoire» quasi systématique des partis du pouvoir (le duo FLN-RND n'a jamais été remis en cause), nous assistons aux mêmes ingrédients faits de dénonciations de fraude d'un côté et du satisfecit d'avoir «réussi un rendez-vous démocratique» de l'autre. Le rendez-vous électoral du 23 novembre n'est pas anodin. Le taux de participation, nettement en hausse par rapport au scrutin législatif de mai dernier, permet au pouvoir de s'estimer en position de force. En plus d'avoir assis son emprise dans les assemblées locales avec des majorités absolues dans la plupart des régions du pays, il a pu placer même les petits partis qui soutiennent son action. Il a ainsi mis sur les rails le train qui va le mener jusqu'à l'élection présidentielle de 2019. Car, en plus de pouvoir contrôler les collectivités locales — qui sont de toute façon sous le contrôle direct de l'administration —, c'est de la préparation de l'élection présidentielle qu'il s'agit désormais. Et si le choix du futur Président se fait dans les allées du sérail, le rôle des collectivités est primordial. L'action des APC, la distribution de ce qui peut exister comme rente et la destination des projets sectoriels de développement sont un enjeu majeur pour un système qui a souvent joué sur la rapine pour prévenir toute velléité de révolte, et gagner ne serait-ce qu'un silence complice des populations. Autre enseignement de cette élection : désormais, aucune opposition structurée dans la classe politique traditionnelle ne semble en mesure de bousculer les plans du pouvoir. Même les partis islamistes, un temps présentés comme étant des éventails capables de faire de l'ombre aux autorités en place, sont réduits à leur plus simple expression. Leur présence dans les assemblées locales n'est pas meilleure que celle de l'Assemblée populaire nationale. A peine ont-ils obtenu de quoi gérer quelques APC. Sans plus. Des strapontins qui serviront, au mieux, d'alibi démocratique. Il reste maintenant à savoir si la crise économique qui s'installe et l'état de santé du chef de l'Etat ne remettront pas en cause ce statu quo. Ce sont les seules inconnues qui manquent désormais à l'équation du printemps 2019.