Comportement indécent des agents du COUS (transport universitaire), surcharge des bus, insécurité, vol, dessertes insuffisantes et mal réparties, les étudiants souffrent au quotidien de problèmes harassants avant même d'arriver à leurs lieux d'études et surtout au retour chez eux. Je tente d'éviter au maximum le COUS pour ne pas être harcelée, soit par les agents en charge des bus universitaires ou bien des indus étudiants qui pullulent dans toutes les stations des COUS», confia Lamia, étudiante en littérature française à l'université de Bouzaréah. Depuis des mois et malgré les doléances des étudiants, aucune mesure n'a été prise. Malgré les nombreux cas de dénonciation et des faits divers qui ont fait couler beaucoup d'encre, l'université de Bouzaréah demeure ce lieu où se côtoient les pires vices : débauche, vols et agressions au su et au vu des agents de sécurité, censés veiller à la sécurité du personnel et des étudiants de l'université. «A la station de bus c'est l'enfer au quotidien, malgré nos réclamations rien n'a été fait. Même la police ne se mêle pas. Nous sommes livrés à ces voyous sans aucune défense», se plaint un groupe d'étudiants. Selon un document remis à notre rédaction, les griefs portés contre les gestionnaires du transport universitaire sont multiples et d'une gravité extrême. Ainsi, dans le document, un rapport détaillé des manquements, accompagné d'une pétition signée par une centaine d'étudiants et transmise au ministère de l'Enseignement supérieur et au directeur général des œuvres universitaires, les étudiants évoquent en premier la vétusté du parc roulant, notamment celui desservant les localités de la wilaya de Tipasa, à l'instar de Bou Ismaïl, Hadjout, Fouka, Sidi Ameur, Cherchell et Tipasa. «Ce n'est pas normal qu'on continue à nous considérer comme des étudiants de seconde zone, car nous sommes issus des wilayas limitrophes d'Alger. Nous sommes moins bien lotis que les autres, ceux de la capitale. Les bus qui nous sont affectés sont vétustes et ne répondent à aucune norme de sécurité, de plus nous sommes entassés comme dans une boîte de sardines», s'offusque Zakaria, étudiant de l'ENS, habitant à Tipaza. Les contrôles -auparavant systématiques- pour «monter» dans les COUS ont laissé place à l'anarchie et à l'insécurité «Tous les jours, des gens qui n'ont rien à voir avec l'université profitent des COUS pour rejoindre leur localité. On y côtoie parfois des délinquants qui nous agressent sans que personne ne bouge», confie un étudiant de Tipasa. Cous ou transport public ? Si par le passé les fonctionnaires des établissements du supérieur profitaient des COUS pour se déplacer, même si cela provoquait des escarmouches entres étudiants et fonctionnaires, aujourd'hui les étudiants font face aux citoyens lambda, qui viennent surchargés les transports. «C'est à ne plus rien comprendre, certains d'entre eux voient cela comme un droit et que nous n'avons pas à nous plaindre, d'autres passent carrément à l'agression et à la violence, cela ne peut plus continuer», s'énerve Zakaria. Pour les étudiants, cette situation a engendré un véritable business parallèle. «Certains chauffeurs et des agents complices monnayent la course pour les indus étudiants parfois ils appliquent les même tarifs que les transporteurs publics. Un des agents n'hésite pas à réserver des sièges pour ses clients fidèles», dénonce Samir, étudiant à l'ENS. Et comme tous ces malheurs ne suffisent pas, «le comportement indécent des agents et de certains chauffeurs dépasse parfois les règles de bienséance et ils oublient parfois qu'ils sont là pour nous servir et non pas pour nous harceler et nous dicter leur loi. Certains étudiants sont refoulés des bus sous des prétextes fallacieux, et si par malheur l'étudiant n'obtempère pas aux ordres, il est violenté et parfois agressé violemment», révèle un autre étudiant, un habitué de la desserte Bouazaréah-Hadjout. En hiver, les choses se compliquent, puisque certaines dessertes ne sont assurées que jusqu'à 16h30. «Alors, soit vous séchez les cours, soit vous prenez tous les risques pour rentrer chez vous. Etant de Sidi Ameur, je suis parfois obligé de passer la nuit chez des amis dans la cité U avec tous les risques que cela comporte, car je n'ai pas eu droit à une chambre universitaire, je n'y ouvre pas droit selon les responsable de l'ONOU», se désole Fateh étudiant à l'Ecole de journalisme.