L'Irak a focalisé cette semaine les débats aux Etats-Unis. Une remarque tout de même, il s'agit du devenir de l'engagement, et plus encore de la présence des Etats-Unis dans ce pays. Les Américains toutes tendances confondues, y compris les Républicains et le président George Bush, acceptent d'en parler autrement que dans les termes habituels du genre « nous sommes sur la bonne voie », et admettre que « la situation est franchement mauvaise ». Sans se poser de questions, ou plutôt si, mais de celles qui ne concernent que les seuls Etats-Unis, dont les troupes finit-on par admettre sont restées plus de temps que prévu et que, tout compte fait, leurs pertes sont très élevées. C'est là où intervient toute la pertinence de la nouvelle approche préconisée par une commission d'experts présidée par M.James Baker, un fin connaisseur du dossier irakien pour avoir été à la tête de la diplomatie de son pays lors de la première guerre contre l'Irak en 1991. Elle part d'un constat, celui que les Etats-Unis n'ont pas remporté la guerre qu'ils avaient lancée en mars 2003 et qu'il est temps par conséquent de s'en retirer. Et l'Irak dans tout cela ? Depuis son occupation, ce pays a fondamentalement changé, au point que les Irakiens eux-mêmes ont fini par ne plus le reconnaître. On regrette le temps de l'ancien régime bien que ce fût une dictature. Même l'ONU, pourtant si sévère par rapport à cette question, a fini par reconnaître que l'Irak était plus sûr et que les Irakiens ne s'entretuaient pas. Ou encore que la situation y est « pire qu'une guerre civile ». Inutile de chercher à croire que le départ des troupes étrangères signifiera le retour au statu quo anté, et que les Irakiens vont renouer avec leur coexistence. On sait que la politique se traite sans état d'âme, mais il faut bien se poser la question : que deviendra l'Irak ? Ce qui a été défait à coups d'obus ne peut être reconstitué par des discours. Le réflexe communautaire est déjà une première barrière. S'il n'y avait que la haine qui pouvait diviser les différentes communautés. Trop de sang a coulé, et avant d'en arriver là un dirigeant étranger a eu une formule prémonitoire en affirmant que la boîte de Pandore a été ouverte. Et encore la question est plus complexe, car elle renvoie à des implications régionales. La Turquie met en garde contre la création d'un Etat kurde, craignant le phénomène de contagion. Mais à l'inverse, il n'est pas exclu si ce n'est déjà fait que l'Iran étende son influence. En face, les monarchies arabes du Golfe sont sur leurs gardes. Il sera alors difficile de garantir l'ordre et la stabilité régionaux, avec des réactions en chaîne, négatives, cela va de soi. C'est trop facile de dire maintenant aux Irakiens qu'il leur revient d'assurer la sécurité. Rien n'est simple.