La rentrée onusienne sera marquée par le débat autour de la question irakienne. Très attendue, eu égard aux événements qui marquent, ou ont marqué la sphère mondiale, la 57e Assemblée générale des Nations unies s'est ouverte mardi à New York, à la veille de la célébration du premier anniversaire de l'attaque terroriste contre le Word Trade Center à New York et le Pentagone à Washington. Très attendu également le discours que doit prononcer le président américain, George W.Bush, dont les menaces répétées contre l'Irak ont induit un malaise dans la communauté internationale. De fait, l'abcès de fixation que semble couver les Etats-Unis envers l'Irak, et son dirigeant Saddam Hussein, a, quelque peu, mis en marge des questions primordiales, comme celle du terrorisme international, et déstabilisé la lutte anti-terroriste internationale. Si la 57e réunion de l'ONU traite encore du combat que mènera le monde contre le terrorisme organisé, il n'en reste pas moins que la cohésion internationale souffre, aujourd'hui, de l'ombre portée de la persistance des Etats-Unis à focaliser sur l'Irak. Certes, face à la pression internationale, les Etats-Unis acceptent de tempérer leur penchant de «shérif», M.Bush revenant même à de plus justes proportions, indiquant, à propos de l'Irak: «J'expliquerai comment nous devrions procéder et oeuvrer pour maintenir la paix (...), je pense qu'il s'agit d'un problème international et nous devons oeuvrer ensemble pour y faire face.» Une reconnaissance de la primauté internationale? Rien de moins sûr lorsque au moment même où le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, affirmait sur les ondes de Radio BBC, à propos des menaces américaines, qu' «il n'y avait pas d'autre alternative que d'aller devant le Conseil de sécurité (...). Lui seul a la légitimité nécessaire pour agir en cas de menace contre la paix et la sécurité internationales», comme en écho, sur la même radio, le sous-secrétaire d'Etat américain, John Bolton, semblait répondre en indiquant, pour sa part: «Notre légitimité a sa source dans notre processus constitutionnel» soutenant qu'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité n'est «certainement pas une obligation légale». Comme quoi, les Etats-Unis n'ont pas besoin de l'approbation de la communauté internationale pour agir quand et où ils veulent. Ce qui n'est pas le sentiment du Premier ministre suédois, Goeran Persson, qui, dans une déclaration à l'agence de presse suédoise, TT, estime, quant à lui, que «si les Etats-Unis décident qu'ils n'ont pas besoin d'être impliqués au niveau international, alors nous aurons un monde pour lequel il sera complètement impossible de prendre des responsabilités. Et alors tout le système de l'ONU s'écroulera», soulignant: «Les Etats-Unis ont le droit de se défendre eux-mêmes, mais ils n'ont pas carte blanche pour agir comme ils le veulent, Ils doivent respecter le droit international». Selon le représentant britannique aux Nations unies, Jeremy Greenstock, «ce que le président (Bush) va dire sera très important et pourra provoquer une certaine activité aux Nations unies», ajoutant: «C'est du moins ce que j'espère car mon Premier ministre (Tony Blair) a clairement indiqué que les choses importantes concernant l'Irak relevaient des Nations unies.» Ces mêmes Nations unies qui ont été pratiquement déchargées par les Etats-Unis et Israël du dossier palestinien en en faisant une affaire strictement israélienne, dans laquelle la communauté internationale n'avait, semble-t-il, pas droit de regard. Il n'en restera pas moins que le Proche-Orient sera, encore une fois, l'un des moments forts de l'Assemblée générale de l'ONU. Le terrorisme, les conflits et le sida en Afrique sont parmi les autres sujets importants de l'ordre du jour de l'AG de l'ONU. Notons que la Suisse a été admise hier en tant que 190e Etat membre des Nations unies, le Timor oriental devant y accéder à son tour, comme 191e Etat membre, le 27 septembre prochain.