Les multiples mises en demeure adressées depuis une quinzaine de jours par les services de l'hygiène de l'APC de Constantine en matière de respect de la réglementation régissant les déchets toxiques ne trouvent toujours pas un écho. Les infractions enregistrées surtout dans certains périmètres forestiers renseignent sur la négligence totale affichée par les citoyens en l'absence d'une autorité de contrôle censée marquer une présence permanente dans des lieux habités. L'alarme a été donnée par l'association de la protection de la nature et de l'environnement APNE qui vient de faire une découverte inquiétante dans la forêt d'El Méridj. « C'est suite au déplacement d'une brigade d'inspection de l'association pour une randonnée de routine que nous avons été alertés depuis une dizaine de jours sur la présence d'un important lot de médicaments jeté dans la nature », nous a affirmé Sebbih, président de l'APNE. Le lot en question a été découvert dans un coin de la forêt, non loin de la cité d'El Djdour, sur la route d'El Khroub. « Nous avons trouvé des comprimés, des boites de pénicilline et des flacons de sirop brûlés et autres antibiotiques. La date de péremption remontant à 2002 est bien lisible sur les boites des médicaments jetés sur un amas de gravats non loin de la route », précise notre interlocuteur. L'association, qui a pris des échantillons sur-le-champ, ne manquera pas d'adresser un dossier sur l'affaire aux autorités chargées d'enquêter sur un acte qualifié de crime contre l'environnement. « Il s'agit là d'un fait grave surtout que le lieu où ont été jetés ces déchets toxiques n'est pas loin des habitations et il est toujours fréquenté par les enfants, qui y viennent jouer », ajoute le président de l'APNE. Les retombées écologiques ne sont plus à rappeler dans une région à vocation agricole. Le phénomène des déchets médicaux et toxiques jetés dans la nature prend des dimensions alarmantes depuis quelques années ; faute d'une action citoyenne qui vient soutenir le travail des pouvoirs publics, les contrevenants ne seront jamais inquiétés. La découverte fortuite de l'APNE rappelle une autre faite au mois de février 2005, dans les mêmes conditions, par un citoyen dans la forêt Hadj Baba située au 7e kilomètre sur la route de Aïn Smara. Intrigué par la présence de cartons contenant divers déchets médicaux, le citoyen a eu le réflexe d'appeler le bureau d'un quotidien arabophone. Sitôt sur place, notre confrère alertera une brigade de la gendarmerie. L'enquête mènera à l'identification du laboratoire à l'origine de ces déchets. Si le gérant a été incarcéré pour négligence, le laboratoire fermé pour quelques mois reprendra son activité. Certains noteront que malgré la présence permanente des déchets médicaux et toxiques dans les forêts d'El Meridj et de Hadj Baba, les autorités ne réagissent que sur dénonciation. En fait, il demeure difficile d'appréhender les contrevenants en flagrant délit car ils attendent toujours la tombée de la nuit pour commettre leur forfait. Les déchets du type médical ou toxique, selon la loi, doivent être acheminés avec la plus grande prudence et enfouis dans des espaces prédestinés. Le code pénal prévoit des peines allant jusqu'à une année d'emprisonnement, mais les « criminels » semblent agir dans l'impunité totale.