Le 27 février 2018 fera sûrement date, mais pas en tant que journée de l'unité nationale, encore une fois. Cette date commémorant le 56e anniversaire des soulèvements populaires du 27 février 1962 à Ouargla, où le peuple a exprimé dans la rue son refus de la partition de l'Algérie, à la veille du dernier round des négociations des Accords d'Evian, symbolise pour les enfants de cette région, d'une part la volonté franche des habitants du Sud de ne pas permettre d'indexer le Sahara à la France coloniale, mais aussi démontrer que cette date est tout aussi importante que d'autres journées nationales par sa symbolique d'adhésion populaire au choix de l'indépendance et de l'intégrité territoriale. L'assistance a dû ravaler son amertume quand le ministre des Moudjahidine a terminé son discours d'ouverture de la journée d'étude sur l'effort populaire à la cause nationale organisée ce mardi à la maison de la Culture Moufdi Zakaria et qui verra la salle se vider aussitôt la délégation officielle sortie. Le séminaire décalé de toute une matinée pour recevoir le ministre sera un fiasco, les orateurs refusant de s'adresser à une salle vide. La seule phrase que retiendra l'assistance fut celle de Saïd Abadou à propos de la demande de restitution par l'Algérie des crânes de résistants algériens conservés au Muséum d'histoire naturelle de Paris. M. Abadou dira textuellement : «L'Algérie ne réclame pas à la France les crânes uniquement, mais aussi les restes des corps de nos résistants.» Une déclaration qui fait écho aux propos rapportés par la presse nationale sur des propos tenus par Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie, selon lesquels l'Algérie n'aurait pas encore formulé cette demande, information démentie mardi par l'ambassade de France. Concernant les manifestations de Ouargla, M. Zitouni a avancé sur deux points cette année par rapport aux cinq dernières commémorations auxquelles il a tenu à assister depuis sa nomination en 2014 : «Chatti El Ouakel, premier martyr à tomber près du ksar ce jour-là, est un chahid au même titre que l'ensemble des chouhada du devoir national tombés au champ d'honneur.» L'autre point est la reconnaissance formelle par M. Zitouni que «les manifestations populaires de Ouargla le 27 février 1962, suivies par celles de Touggourt le 7 mars, puis Taibet le 13 mars de la même année, marquent un tournant historique décisif pour l'Algérie et donneront à la délégation algérienne à Evian le carton gagnant qui lui permettra de négocier pour une Algérie intégrant son Sahara.» Accompagné de Abdelkader Zoukh, wali d'Alger originaire de Ouargla, de Abdelhakim Bettache maire d'Alger-Centre, M. Zitouni a assisté à la commémoration du 27 février de l'histoire de Ouargla, qui a eu droit à une opérette avec des visages d'historiens et témoins des événements sur grand écran, un Chatti El Ouakel en chair en os dont le rôle a été brillamment campé par une jeune scout d'Alger, un grandiose show public sur la place baptisée au nom des manifestations du 27 février 1962 en face de l'Hôtel de ville, une station de tramway également au nom du soulèvement populaire du 27 février 1962, avec en prime des essais techniques à blanc effectués avec brio depuis deux semaines. Ouargla a également désormais comme grande sœur jumelle la commune d'Alger-Centre qui développera des échanges culturels, sportifs et scientifiques, mais aussi un savoir-faire en matière de gestion participative des affaires de la cité. Ouargla attendra encore une fois une décision politique pour sa journée de l'unité nationale.