- Votre grève a pris fin jeudi. Qu'est-ce qui a pesé le plus dans votre décision de reprendre le travail ? Deux facteurs principaux ont pesé sur notre décision. Il y a en premier lieu les garanties que nous avons reçues des hautes autorités du pays quant à la prise en charge de nos revendications et, en second lieu, le sort de nos élèves et l'inquiétude de leurs parents. Nous avons été très sensibles au cri de détresse lancé par nos élèves. N'oublions pas que la majorité des grévistes, on ne le répétera jamais assez, sont des parents d'élèves. Madame la ministre de l'Education a déjà envoyé une invitation au Cnapeste pour ce dimanche 4 mars 2018 pour trouver des solutions aux problèmes en instance. - Comment cela se passera pour les radiés et combien sont-ils à Béjaïa ? A travers tout le territoire national, les directions de l'éducation sont instruites pour procéder à la réintégration des enseignant(e)s radié(e)s. Tous ceux qui ont été touchés par la décision de radiation seront réintégrés. Concernant Béjaïa, leur nombre s'élève à plus de 1000, il est convenu que l'ensemble des enseignant(e)s touché(e)s par la mesure de radiation et autres sanctions réintègrent leurs postes jeudi 1er mars 2018. - Allez-vous vous investir dans le rattrapage du retard et comment comptez-vous le faire ? Vos adhérents ont-ils été instruits dans ce sens ? De tout temps, les enseignant(e)s se sont toujours débrouillé(e)s, individuellement ou dans un cadre collectif, à rattraper les retards occasionnés par les grèves et autres facteurs de fermeture des écoles : blocage des routes, neige,… Ils ne vont pas cette fois déroger à leur habitude et œuvreront à trouver tous les moyens, sans trop charger les élèves, pour finaliser les programmes annuels dans les temps. Il sera procédé à l'exploitation, selon les programmes qui seront fixés par les établissements, des samedis, des mardis après-midis et de la première semaine des vacances. Nous faisons confiance à nos enseignants, ils sauront, avec leurs élèves, trouver les formules les mieux appropriées pour rattraper les retards, comme nous appelons l'administration à tous les niveaux afin d'instaurer une coordination et une concertation avec les enseignants. - Votre mouvement de grève a été plus long à Béjaïa, comparé à d'autres wilayas. Du coup, la reprise est plus attendue qu'ailleurs... Béjaïa a vécu déjà deux mouvements de grève lors du premier trimestre. S'il y avait eu respect des engagements pris, on aurait pu éviter cette situation. Mais quand des milliers de situations restent pendantes sans calendrier précis de résolution, il est évident que les enseignants usent de tous les moyens légaux pour débloquer les choses. Notre grève du deuxième trimestre, annexée dès son arrêt à la grève nationale, a fait que notre wilaya est celle qui compte le plus grand nombre de journées de grève et c'est tout à fait logique que les parents et nos élèves s'impatientent tant. - Comment envisagez-vous la suite pour votre plateforme de revendications ? Nous avons des assurances d'une prise en charge effective et dans des délais raisonnables de nos revendications. Nous le répétons, nous ne sommes pas des va-t-en-guerre, nous voulons la stabilité pour notre secteur et pour tout le pays, et le règlement effectif de notre plateforme de revendications participera à créer ce climat de confiance et de sérénité. Nous n'aimons pas faire dans l'anticipation, mais s'il n'y a pas de suite favorable à nos revendications justes et légitimes, les différentes instances du Cnapeste sauront trouver les moyens de pression adéquats pour les faire aboutir. - Des voix parlent de collusion entre le Cnapeste et certains cercles politiques et vous accusent même de vouloir faire main basse sur les œuvres sociales de l'éducation... Le Cnapeste, je le réitère, est un syndicat autonome et revendicatif. Ses seules préoccupations sont les intérêts moraux et matériels des enseignants et une école publique de qualité. Ceux qui s'ingénient à nous prêter des intentions et des connexions qu'on n'a pas, sont ceux-là justement qui n'apportent rien à la construction de l'édifice démocratique du pays et qui passent leur temps dans les médias à affubler d'étiquettes tous ceux qui luttent. Le Cnapeste a essuyé déjà par le passé ce genre d'anathèmes, mais son parcours montre tout le contraire. Les adhérents du Cnapeste appartiennent aux différentes tendances politiques, et s'il y a un syndicat qui est très tatillon sur le fonctionnement démocratique, c'est bien le Cnapeste. Pour les œuvres sociales, la fin de l'époque de la prédation et du clientélisme n'est pas, évidemment, du goût de certains ; et il est tout à fait normal d'assister à ce genre de réactions. Nous avons arraché les œuvres sociales de l'éducation des mains des privilégiés pour les mettre au service des travailleurs, et ce travail de salubrité publique n'est pas sans entraîner des agitations par-ci par-là.