Les éléments des YPG se sont engagés à se battre jusqu'à la «libération» d'Afrine, promettant de «frapper à chaque opportunité» les forces turques et leurs supplétifs syriens. La Turquie a chassé hier de la ville d'Afrine la milice kurde qu'elle considère comme «terroriste». Ankara a lancé le 20 janvier dernier une opération militaire en territoire syrien dans le but de déloger, notamment, de la localité les Unités de protection du peuple (YPG), qu'elle voit comme une menace à ses frontières. L'armée turque a été épaulée dans son offensive par des groupes rebelles syriens. «Des unités des Forces syriennes libres soutenues par les forces armées turques ont pris le contrôle total d'Afrine (…). Un grand nombre des combattants kurdes ont fui la queue entre les jambes», a annoncé triomphalement le président turc, Recep Tayyip Erdogan. «Notre travail n'est pas fini (...). Mais les terroristes sont finis à Afrine», a renchéri le porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag. La Turquie combat aussi sur son territoire les kurdes du PKK. Ankara considère le PKK et les YPG comme les deux faces d'une même médaille et les soupçonne de vouloir créer un Etat kurde à cheval entre la Turquie, la Syrie et l'Irak. C'est pour empêcher la concrétisation d'un tel projet qu'Ankara s'est emparée d'Afrine. Les Kurdes se sont, quant à eux, engagés à se battre jusqu'à la «libération» d'Afrine, promettant de «frapper à chaque opportunité» les forces turques et leurs supplétifs syriens. «La résistance à Afrine va se poursuivre jusqu'à la libération de chaque territoire d'Afrine», a mis en garde dans un communiqué envoyé à la presse l'administration semi-autonome kurde de la région, conquise par les forces d'Ankara. Afrine et ses alentours étaient autrefois un des trois cantons formant la «région fédérale», proclamée en 2016, sur les territoires de la communauté, contrôlés par une administration semi-autonome. «Dans tous les secteurs d'Afrine, nos forces vont devenir un cauchemar permanent» pour les forces turques et les rebelles syriens, met en garde le communiqué des autorités locales kurdes. «Notre guerre contre l'occupation turque (...) est entrée dans une nouvelle étape : nous passons d'une guerre de confrontation directe à une tactique d'attaques éclair», précise le texte. Les YPG avaient, rappelle-t-on, été un précieux allié de la coalition internationale menée par Washington dans la lutte contre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique. A l'inverse, le quotidien britannique The Independent soutient que les forces présentées comme l'Armée syrienne libre (ASL), fer de lance de l'intervention turque à Afrine, ne seraient en réalité que d'anciens combattants de Daech, recrutés et entraînés par Ankara. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a indiqué hier que plus de 1500 combattants kurdes ont été tués, ainsi que 400 rebelles alliés à la Turquie, depuis le début de l'offensive sur l'enclave d'Afrine, où les YPG contrôlent encore quelques poches de territoires. L'armée turque a de son côté fait état de 46 soldats tués et 225 blessés dans ses rangs. Avec le quasi-encerclement de la ville, les bombardements aériens et les tirs d'artillerie se sont intensifiés ces derniers jours. Ils ont provoqué la mort de dizaines de civils vendredi et samedi, dont 16 dans une frappe contre le principal hôpital d'Afrine, selon l'OSDH. La Turquie nie, quant à elle, viser la population, et a démenti la frappe sur l'hôpital. Mais l'OSDH évalue à plus de 280 le nombre de civils tués depuis le début de l'offensive par Ankara. Echappant à l'avancée des forces turques, près de 250 000 personnes ont quitté depuis mercredi soir la ville d'Afrine, empruntant un couloir dans le sud de la cité menant vers des territoires tenus par les Kurdes ou le régime syrien, a indiqué l'OSDH. D'après cette ONG, il ne resterait que quelques milliers d'habitants dans la ville même.