Rekkas Abdenour est de ces personnes dont la discrétion et la relative réserve voile l'artiste confirmé qui est en eux. Il a parcouru un chemin avec son ami et complice Kamatcho et partagé avec lui certaines œuvres d'art des plus respectables, comme la statue, sa première, de L'Hadj Qaci Umhend à Amarî. Parmi les portraits accrochés au mur du lycée Boudiaf, Rekkas a peint ceux de Mouloud Mammeri et de Fadhma n Soumer. A Chorfa aussi, il a laissé sa signature sur ceux de Kateb Yacine et M'hamed Issiakhem. L'imposante statue du colonel de l'ALN, Ben Rabeh Mohamed Zamoum, dit Si Salah, qui trône sur un socle à Tizi Ouzou, est aussi de lui. Rekkas Abdenour a donné les preuves de sa dextérité et de sa maîtrise des arts plastiques à l'Ecole des beaux-arts d'Azazga, d'où il est sorti il y a cinq ans. Son diplôme il l'a mérité par la force de sa création qu'il a soutenue : une sculpture en argile représentant le corps d'une femme aux cheveux entourant le cube qui la porte. Quand on maîtrise ses secrets, la sculpture donne des formes parfaites à l'allégorie. Sous le thème «Sentiment et raison», le cube de la sculpture illustre l'esprit cartésien et la raison et la femme le sentiment. Abdenour est une matière grise encore à explorer, malgré ses belles réalisations. Il se joue de toutes les matières maniables, du plâtre à la résine, en passant par l'argile, le fer…. Dans la «grotte», un vieux garage en fait qui leur sert, à lui et à Kamatcho, d'atelier commun, s'entassent de petites sculptures de portraits, de figurines et autres travaux personnels. «Je me retrouve plus dans la sculpture», nous confie-t-il. L'ambition mesurée de notre jeune artiste nourrit en lui le vœu de partir explorer d'autres cieux. «Je veux voyager pour grandir», nous dit-il. A 31 ans, tout l'avenir est devant lui, pour peu que ceux qui détiennent les bonnes clés se décident à ouvrir les horizons.