La première édition de cette manifestation, l'an dernier, avait été un succès. Toujours organisée par l'ambassade d'Italie et l'Institut culturel italien, en partenariat avec le MaMa, la deuxième, qui a encore cours (10 mars-10 avril 2018), a confirmé l'originalité du concept et dépassé la première en découvertes. Tout a commencé par l'institution, en 2017, de la Journée mondiale du design italien, un projet légitime, pourrait-on dire, si l'on considère la contribution élevée de ce pays à la discipline et au nombre d'objets produits dans le monde sous des labels nationaux divers, mais conçus ou embellis par la grâce du génie italien. C'est là peut-être un héritage de la Renaissance, ou encore un effet combiné d'un processus d'industrialisation sur fond de patrimoine méditerranéen. La Journée a été célébrée cette année dans cent pays, et, en Algérie, le concept initial a été reconduit («Le design italien rencontre le design algérien») dans une volonté évidente d'échange et de partage. De respect aussi, puisqu'entre les deux le fossé est immense tant la discipline demeure sous-développée en Algérie, voire complètement ignorée ou, au mieux, considérée comme une esthétique inutile. Notre visite en compagnie de la commissaire de l'exposition, Feriel Gasmi Issiakhem, elle-même designer, nous a permis de constater que du point de vue créatif, la partie algérienne n'a pas à rougir de sa prestation, loin de là. La soixantaine d'œuvres présentées (39 signatures, dont neuf italiennes*) rivalisent d'originalité, d'inventivité et de pertinence sur le thème de cette édition, «Design et durabilité», qui pourrait paraître comme un pléonasme, tant l'esprit originel du design est marqué par la durabilité, avant même que l'on ne parle de durabilité ! Mais, dans la conjoncture planétaire actuelle, l'insistance est compréhensible… Et, aussi bien les Algériens que les Italiens ont présenté des œuvres, de même que des démarches, étonnantes et parfois formidables, au point qu'il était difficile de savoir d'emblée de quelle nationalité elles émanaient. Mobiliers, luminaires, tissages, bijoux, éléments recyclés, transformation de matières biodégradables... sont là pour dessiner un autre monde, nécessaire et possible. Nous reviendrons sur ces créations et leurs auteurs, mais voici les remarques qui nous paraissent les plus importantes à signaler pour l'instant. Encore une fois, il est confirmé que ce n'est pas le potentiel créatif des Algériens qui est incriminable, mais bien l'incapacité des décideurs et managers à comprendre l'importance du design pour l'économie et la culture. De nouveaux noms de designers algériens sont apparus ou se sont confirmés aux côtés de signatures déjà reconnues, laissant entrevoir l'émergence d'une nouvelle génération de créateurs. Pour la première fois, des entreprises créatrices ont participé à l'exposition (ExpoSign, Ateliers Trames Algérie, Collectif Kutch Design) et il convient de les féliciter, d'autant plus qu'elles ont accepté, en plus de leur monstration, de soutenir chacune un jeune créateur individuel. Enfin, le public était là, et notamment des familles en cette période de vacances scolaires. Pas des foules, non, mais assez de personnes pour espérer mieux et vous recommander vivement de ne pas rater cette exposition instructive, originale et agréable.
ITALIE/ Daniela Ciampoli, Valentina Frosini, Walter Giovanello, Giuseppe Lotti, Laura Passalacqua, Francesco Taviani, Marco Marsefglia, Maddalena Vantaggi, Jacopo Volpi. ALGERIE/ Yamina Ahmed Zaid, Ryad Aissaoui, Salima Aissaoui Djellal, Chafika Ait Aoudia, Amina Benali, Hamida Benmassour, Mohamed Bennini, Hassiba Boufedji, Salim Cherfi, Rym Djellouli Ferdjioui, Hamza Dri, Walid Drouche, Feriel Gasmi Issiakhem, Nawal Hagui, Redha Ighil, Nabila Kalache, Hamid Kashi, Zohor Krache, Collectif Kutch Design, Amina Louibi, Leila Mammeri, Rachida Mezouk, Samia Merzouk, Mohamed Ourad, Aili Sadek, Redha Skander, Karim Sifaoui, Atelier Trames Algérie, Yamo, Radia Zitouni,