Hollywood a décidé d'ajouter James Brown à son système. Une bio sera filmée par Spike Lee pour le studio Paramount Pictures. L'intrigante et mythique figure de James Brown, disparu le 25 décembre, fait déjà l'objet d'un projet de super-production, un film biographique confié à Spike Lee et produit par la Paramount. Spike Lee est déjà l'auteur brillant, entre autres, de Malcom X, grande figure de la résistance black américaine. A peine deux jours après la mort de James Brown, l'Associate Press, dans une dépêche datée de Hollywood, annonçait la signature du contrat entre Spike Lee et le studio d'Hollywood. Ce projet, indique-t-on, avait reçu l'accord du Godfather of Soul de son vivant. Pour sa part, le magazine Variety indique que plusieurs scénarios sur James Brown sont déjà prêts et pourraient servir de références au travail de Spike Lee. Un fait commun : James Brown est né dans une famille très pauvre dans le sud raciste des Etats-Unis. Il a été exclu de l'école, il a mendié pour survivre, ciré des chaussures, volé dans les parkings de voitures. Il ne savait ni lire ni écrire et a connu toutes les vexations, toutes les humiliations et les brutalités de la part d'une police qui voyait en chaque jeune noir un facteur de menace et de violence. Ce qui était inévitable est arrivé : à l'âge de 15 ans, James Brown est jeté en prison à Augusta, en Georgie. Seule la musique l'a sorti des périls de la pauvreté et de la souffrance. En musique, James Brown était imbattable. Il chantait à l'église des gospels, jouait de plusieurs instruments : harmonica, guitare, orgue. Avant d'être surnommé The Godfather of Soul, il était déjà Music Box ou Mister Dynamite... A 22 ans, il a signé son premier contrat avec King Record, car déjà il imprimait sa marque à des shows époustouflants (avec sa bande The Flames), en chantant son premier « hit » : Please, Baby don't Go. Tout le problème de Spike Lee c'est certainement de trouver l'oiseau rare, capable d'interpréter le rôle de James Brown avec son battage paroxysmique, phénoménal sur scène. Qui pourrait imiter le style acrobatique du chanteur légendaire ? Sans compter que son physique n'est pas du tout banal : grosse tête, mains énormes, corps aussi large que haut. Le casting déjà entamé à Hollywood risque d'être problématique. Ce diable de James Brown possédait un gimmick clownesque inimitable. Le tournage du film commencera à Atlanta où la carrière de J. B. a pris sa source. King Records était une firme spécialisée dans la « race music », musique black pour audience black. D'autres firmes plus célèbres prendront le relais au fur et à mesure que le chanteur conjuguera avec son brio unique jazz, rock, hip-hop, funk, rap, blues, country, gospels... Plus délicat dans le projet de Spike Lee est le sujet de la vie personnelle de James Brown. Sa célébrité, ses cadillacs, ses nombreuses épouses et amantes, ses multiples frasques et ses costumes extravagants... si ce n'était que ça, James Brown a flirté aussi avec diverses drogues, ce qui lui a valu la prison de nouveau entre 1988 et 1911. Il y a aussi son côté « politiquement incorrect » que le film de Spike Lee ne pourra pas éviter de mentionner. Les militants blacks n'ont jamais eu beaucoup de respect pour ce « brother, considéré parfois comme un traître... Le combat de Martin Luther King aussi n'a suscité aucune attention ni aucun appui de la part de James Brown (alors que l'Amérique était secouée par l'assassinat du célèbre pasteur, James Brown donnait un gala à Boston...) Spike Lee en tant que militant pur et dur de la cause black ne manquera sûrement pas de rappeler ces épisodes. Comme le voyage à Saigon pendant la guerre du Vietnam : le chanteur est allé faire le clown devant les G. I's un soir de nouvel an. Last but not least, on a tenté de situer parfois James Brown avec les démocrates, il a viré de bord et donné son appui à Nixon pour sa réélection... Il y a ainsi en Amérique des histoires sans fin, des anecdotes cruelles ou amusantes sur James Brown. Comment Spike Lee va-t-il appréhender une personnalité aussi riche que déroutante ? That is the question...