Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a annoncé sur les ondes de la Radio nationale la perspective d'un remaniement ministériel affirmant qu'il a saisi officiellement le président de la République sur cette question, conformément à ses prérogatives constitutionnelles. Il appartient, a-t-il précisé, au chef de l'Etat qui jouit du pouvoir de nomination de l'Exécutif de donner suite ou non à cette demande. Le fait que le chef du gouvernement évoque publiquement cette question qui fait l'objet depuis de longs mois de vives spéculations dans certains organes de la presse nationale laisse supposer que le changement de gouvernement est bien à l'ordre du jour de l'agenda politique du président de la République. Le chef du gouvernement ne se serait jamais hasardé à évoquer cette question même en prenant, comme il l'a fait, la précaution absolue de rappeler en la matière où commence et où s'arrête la prérogative du chef du gouvernement s'il n'a pas eu , par ailleurs, un signal de la part du chef de l'Etat pour changer l'Exécutif. Après les sévères remontrances adressées par Bouteflika contre certains membres de l'Exécutif lors de la dernière rencontre des cadres de la nation, l'idée de l'imminence d'un remaniement ministériel devenait une question de jours. Conviction ou effet d'annonce ? Il n'est donc pas exclu de dire, c'est même une lapalissade connaissant comment fonctionne le système politique en place, que la décision d'aller vers un nouveau gouvernement est déjà prise au plus haut niveau, et que Belkhadem n'a fait que traduire la volonté du chef de l'Etat d'apporter un sang nouveau à l'Exécutif. En se saisissant du dossier comme il l'a fait, le chef du gouvernement a tout simplement voulu souligner que les règles du jeu constitutionnelles en la matière seront rigoureusement respectées. C'est en effet la première fois qu'un chef de gouvernement se croit obligé de rappeler publiquement les prérogatives du chef de l'Etat et celles du chef du gouvernement en ce qui concerne la formation du gouvernement. Traditionnellement la liste de l'équipe gouvernementale est le fait, et le fait exclusif, du président de la République qui propose et nomme les ministres. L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, l'a d'ailleurs officiellement reconnu dans son livre Autopsie de la gouvernance en Algérie, avouant qu'il n'a été consulté ni de près ni de loin sur son cabinet, lequel, a-t-il avoué, lui a été imposé d'en haut. Belkhadem laisse suggérer tout à fait le contraire dans sa déclaration. A savoir que le chef du gouvernement exerce pleinement ses prérogatives en la matière. La question est de savoir si ce soudain désir du chef du gouvernement de s'exprimer sur cette question relève d'une conviction profonde d'un chef de gouvernement qui entend se réapproprier ses missions et prérogatives constitutionnelles diluées dans les méandres du système présidentiel qui concentre tous les pouvoirs entre les mains du chef de l'Etat ou alors s'il ne s'agit que d'un effet d'annonce politique destiné à soigner la façade démocratique du système.