La présidente appelle à la barre en tant que témoin Tidjani Mouloud, agent de la liquidation. Sur le point relatif à la compensation de Adda Foudad qu'il a autorisée, il déclare qu'il avait cru comprendre avoir eu l'accord du liquidateur, expliquant que « la compensation en tant de liquidation était interdite et qu'avec du recul, je me suis rendu compte que la compensation entre l'euro et le dinar était impossible ». Il affirme qu'il attendait les écritures passées à l'agence des Abattoirs, qui ne lui ont pas été transférées. « Pour moi, aucune opération n'est passée », dit-il. La présidente lui rappelle que Adda a déclaré qu'il s'est entendu avec lui pour récupérer la somme. Le témoin : « Tout s'est passé à l'agence. » La présidente : « Vous avez donné l'accord. » Le témoin : « Sans écrit. » La présidente appelle Raouli, l'adjoint du directeur de l'agence des Abattoirs. « Il m'a appelé le 28 octobre 2003 pour régulariser et valider. » Le témoin : « Je n'ai pas ordonné la régularisation, j'ai dit juste que Badsi était d'accord. Mais tous devaient avoir la signature de Badsi . » La présidente appelle M. Badsi qui affirme qu'il a toujours précisé à ses collaborateurs que rien ne se fait sans sa signature. « Pour moi, c'est une irrégularité, une manipulation d'écriture faite à mon insu. C'est pour cela que j'ai éliminé les imprimés et les cachets pour éviter qu'ils soient utilisés », explique Badsi. Le témoin semble gêné. La présidente lui fait remarquer qu'il avait agi à titre personnel. « Pas du tout. J'ai cru comprendre que Badsi était d'accord. » La présidente l'interroge pourquoi avoir appelé Raouli, et le témoin affirme que Foudad l'appelait souvent. Il reconnaît que ce dernier lui a été recommandé par Djellab, son ancien collègue et administrateur provisoire d'El Khalifa Bank. La présidente : « Et avant vous, il a été recommandé par Akrouf, le secrétaire général de la commission bancaire, pour Djellab. » Pour ce qui est du code utilisé pour manipuler les 13 comptes débiteurs devenus créanciers de Khalifa, le témoin déclare qu'il n'y avait que Kechad qui pouvait l'utiliser. La présidente précise qu'un point d'interrogation pèse encore sur la responsabilité du témoin dans la compensation. La juge appelle le témoin Saâdi Rachid, policier à la Paf à Houari Boumediène, exerçant au poste 3, où s'effectue le contrôle de l'équipage et par où Moumen accédait à l'aéroport. Il reconnaît tout simplement avoir reçu une Toyota Yaris de la part de Moumen Khalifa, qu'il avait récupérée de la maison à Hussein Dey, après avoir été orienté vers Chaâchouâ Badreddine, dit Didine. Selon lui, quand il l'a vu avec une Clio de 1995, il lui a fait de la peine, et lui a proposé une voiture. « Lorsque je lui ai dit que faut-il faire pour la payer, il m'a répondu : ana ndabar rassi (je vais me débrouiller). » Le policier a rendu la voiture après la liquidation et continue à travailler au même poste. N'est-ce pas un aveu de corruption consommée.