Les aveux de Belarbi Yahia, un des accusés dans l'affaire de la BCIA, confirment qu'au milieu de cette affaire, un réseau de recrutement de gens crédules a été monté par un énigmatique Abdelghani, absent au procès, mais que plusieurs accusés citent. Comme pour Sid Ahmed de Tlemcen et Khelifa Brahim de Blida, Belarbi Yahia dit avoir été dupé. Il gérait une « alimentation générale » et commerçait avec des sommes n'excédant pas 2 à 3 millions de centimes lorsque Abdelghani lui a présenté un faux Fouatih Belkacem pour le convaincre d'ouvrir un compte à la BCIA et étendre son commerce. Tout ce dont il se souvient c'est qu'il a effectivement ouvert un compte et, deux jours plus tard, son « ami » mystérieux le convoque pour signer des documents, (des feuilles blanches, selon ses termes) supposés être en rapport avec l'ouverture de son compte. Il avoue avoir reçu pour cela 12 millions de centimes pour, lui aurait expliqué son protecteur, « tenir la main en attendant que la marchandise arrive ». Il n'y aura pas de marchandise malgré maintes sollicitations de sa part, jusqu'à ce que la police le convoque pour lui dire : « Tu as pris plus de 3 milliards ! » Interrogé sur l'endroit où il a signé, il a répondu que cela s'est passé à Es-Senia, à l'intérieur de la voiture et non dans un bureau. « J'ai apposé mon cachet et signé sans savoir de quoi il s'agissait », a-t-il déclaré lorsqu'on lui a annoncé qu'une traite d'une valeur de presque 5 milliards est allée chez Reffas qu'il dit ne pas connaître. Questionné par la partie civile, il s'est rétracté sur ses déclarations faites devant le juge instructeur, stipulant qu'il a reçu 12 millions en contrepartie de sa signature. Il identifie dans le box des accusés un certain Dajoued Selka, du moins Dajoued que d'autres ont également identifié sous la même dénomination. Ce nom pose également problème. En effet, quand il a été appelé à la barre, juste après, son nom s'avère être Bouzina Moulay Abderraouf. Il est le cousin de Selka Samir qui l'a identifié de son côté mais il ne s'appelle pas Dajoued et suppose que c'est peut-être le mystérieux Abdelghani qui le présentait ainsi à ses victimes (présumées). Bouzina (alias Dajoued) a commencé dans le commerce de gros de médicaments en 1990 avant de se reconvertir au commerce multiple (activité interdite par la suite), en 1996, puis aux cosmétiques en 2000. En juin 2000, il se reconvertit au commerce de gros et contacte Fouatih, le vrai, qui lui promet que la marchandise allait rentrer et que le groupe Fouatih Nebia avait besoin de couvrir la région de Tlemcen. C'est ainsi qu'il a ouvert un compte à la BCIA, la banque, selon lui, qui lui a demandé de laisser une traite signée à blanc. « Quand la marchandise arrivera, on va mettre le chiffre correspondant », lui aurait-on expliqué pour le convaincre. Comme il n'y a pas eu de marchandise, il a dû récupérer sa traite, mais il a été convoqué par la police au sujet de 3 traites respectivement de 82, 82 et 98 millions de dinars. Il reconnaît son cachet, mais il dit que c'est un ancien et qu'il n'était plus valable, car la notion de commerce multiple a été bannie entre-temps. Lui aussi connaît Abdelghani (Senouasaoui) à qui il a demandé de s'informer de la mésaventure qu'il a eu à vivre. Celui-ci lui aurait promis, en vain. « Tu avais une barbe ? », lui demande le juge. « Oui, ce fut un temps », répond-il en confirmant les propos de tous les autres accusés qui l'ont identifié ainsi mais avec un autre nom. Il a porté plainte contre la BCIA, contre X et la société Fouatih. Le registre en question qui porte le cachet qui s'est retrouvé sur la traite a été déposé, selon lui, en 1995 chez Fouatih, le vrai. Celui-ci, ayant un lien de parenté avéré avec Lakhdar Fouatih Tahar de Relizane (société Diprel), appelé à la barre auparavant durant la même journée, a reconnu avoir signé les traites (7,5 et 7,3 milliards de centimes) attribuées à son associé (à hauteur de 5%) sans l'informer. Lakhdar Fouatih Tahar, qui avait émis le vœu de démissionner du groupe, dès mars 2003, se retrouve également sans responsabilité dans l'affaire des bons de caisse. « Les bons de caisse de 10 millions de dinars sont normalement anonymes et je ne comprends pas pourquoi ils se retrouvent sur son (son parent) compte », avoue également Fouatih Belkacem, le vrai.