A l'instar du périmètre d'irrigation de la plaine de Boucheghouf, la promotion des zones industrielles, et le programme de construction de logements, la réhabilitation de la ligne de chemin de fer El Khroub-Boucheghouf fait partie des quatre grands projets d'aménagement du territoire pour la wilaya de Guelma. Inscrit dans le cadre du plan quinquennal 2005-2009, le projet de la ligne ferroviaire El Khroub-Boucheghouf via Guelma tarde à se concrétiser ; il serait, selon le directeur des transports, Gheriche Taïb, bloqué à l'échelle gouvernementale, malgré les insistances du ministère de tutelle par le truchement du wali de Guelma. Nous n'en saurons pas plus de ce côté-là. Quoi qu'il en soit, le projet est en souffrance depuis 1995, date à laquelle la direction des transports de l'époque s'était basée sur une étude réalisée en 1986. Les objectifs de cette étude devaient assurer une liaison ferroviaire entre les lignes Annaba-Tébessa, et la liaison Alger-Tunis via Guelma. Coût total du projet estimé alors à 5 milliards de dinars. Concernant l'étude ou son avant-projet datant de 2005, le directeur des transports nous affirmera qu'elle a été, selon lui, prise en considération et que le dossier trouvera certainement une issue... Mais l'on est en droit de se demander de quelle issue il s'agit. Quant aux avantages de ce projet, -tout le monde est unanime-, cette réhabilitation permettrait si elle venait à être réalisée, un désenclavement de plusieurs agglomérations et localités sur le tracé initial de la voie ; elle générerait 5000 emplois d'après la précédente étude. Dix gares reprendraient du service, dont celle du chef-lieu de wilaya, la gare de Hammam Debagh (ex-Meskhoutine), Taya, Oued Zenati, Ain Regada, etc. Néanmoins, une rallonge de 1 à 2 milliards de dinars sur les 5 initialement prévus devrait suffire à mener à bien et finaliser le projet, nous confiera-t-on, hors des murs de la direction des transports. Guelma plaque tournante Emboîtant le pas aux 54 kilomètres de voie ferrée Annaba - Boucheghouf qui venait d'être achevée le 1er octobre 1876 par une compagnie de chemin de fer coloniale, la ligne Boucheghouf-Guelma prendra la forme en 1878 telle que nous connaissons aujourd'hui, faisant la région une plaque tournante économique par excellence, facilitant le transport de blé, bestiaux, minerai et agrégats, mais encore les voyageurs trouvèrent dans le rail, un moyen commode et agréable pour le tourisme climatique et le thermalisme déjà à cette époque en pleine expansion, principalement à destination de Hammam Debagh. Jusqu'en 1958, les 177,8 kilomètres de voie reliant Boucheghouf à El Khroub ont rempli pleinement leur mission. Aujourd'hui règne une triste réalité, la gare de Guelma sombre dans l'oubli. Sa ligne la joignant à Boucheghouf est hors-service depuis une décennie, engendrant son déclassement à la 5ème catégorie.En effet, la majorité des voyageurs à destination de Boucheghouf et inversement, faute de train à l'heure et à cause des annulations intempestives ont fini par se rabattre sur les transports en commun, jusqu'à la suppression totale des wagons pour le transport des voyageurs. Cette mise en voie de garage par la SNTF avait été justifiée à l'époque par la non-rentabilité de la ligne. Il s'en est suivi le transport des marchandises qui lui aussi n'a pas perduré ; des clients comme l'Enasucre, l'OAIC, Eriad, se sont défidélisés pour les mêmes motifs et une conjoncture économique défavorable. Quant au tracé, ou du moins ce qui en reste, l'urbanisme tentaculaire et anarchique n'a pas fait dans le détail en empiétant sur la voie ; les rails et les traverses ont fini comme clôture ou matériaux de construction et les gares ont été cédées dans les meilleurs des cas comme habitations, ou squattées tout bonnement. Notons enfin que le déblocage de l'enveloppe financière pour la réalisation du projet El Khroub-Boucheghouf n'est, selon certaines sources généralement bien informées, pas sujet à priorité pour la SNTF. En d'autres termes, les fonds existeraient bel et bien, il resterait à mieux défendre le projet et insister pour qu'il aboutisse. D'autres disent le contraire : la SNTF a tellement insisté auprès des autorités locales, mais ces dernières, ainsi que les élus de la région, n'en ont cure !