Ayant fait allégeance à Al Qaîda, les sanguinaires du GSPC ont démontré, à travers ces actes, leur forte capacité meurtrière et une organisation insoupçonnée. Réussir à placer six véhicules piégés à des endroits différents, sur un rayon de 200 km et les faire exploser presque à la même minute, laisse craindre le pire. Au moment où nos responsables tentent, bien maladroitement, de nous faire croire que le terrorisme est quasiment fini, les attentats d'avant-hier viennent rappeler à tout le monde que le GSPC est encore plus dangereux qu'avant. Dangereux, parce que le discours ambiant démobilise les troupes et réduit la vigilance des citoyens et des services de sécurité. Dangereux aussi, parce que le GSPC composé de petits groupes très mobiles disposerait d'importants moyens logistiques. Le danger vient aussi du fait qu'en Kabylie le groupe salafiste a trouvé une véritable base de repli depuis les événements de 2001. Profitant de la faiblesse de la couverture sécuritaire, dans une région montagneuse et fortement boisée, les terroristes du GSPC ont eu le temps de bien connaître le terrain. Les différentes opérations de ratissage menées par les différents services de sécurité, notamment l'été dernier, avec la mobilisation d'importantes troupes de l'ANP, n'ont pas donné de résultats probants. Des policiers très au fait de l'activité des groupes armés expliquent « l'inefficacité » des opérations par deux éléments importants. Le premier, c'est la faiblesse du renseignement. Une situation résultant de la crise en Kabylie, du départ des gendarmes et le divorce consommé entre la population locale et tout ce qui représente l'Etat. Le deuxième élément est la méconnaissance du terrain. Les troupes engagées souvent dans les opérations de ratissage arrivent dans des zones quasiment inconnues, comme c'est le cas dans les parties sud et ouest de Tizi Ouzou, qui servent de zones de repli aux terroristes activant dans la partie est de la wilaya de Boumerdès. Cette région a souvent été ratissée par l'ANP. De nombreux observateurs s'interrogent sur la manière avec laquelle les terroristes ont agi avant-hier et comment ils ont réussi à coordonner leurs actions. Les bombes ont-elles été confectionnées dans un seul lieu, puis acheminées vers les endroits ciblés ? De Boumerdès à Boubhir, il y a plus de 150 km avec des barrages un peu partout. Selon une source proche des services de sécurité, les deux voitures piégées de Mekla et Boubhir auraient été fabriquées par le groupe dit de Aïn El Hammam, qui serait composé de 40 à 50 éléments. C'est le groupe qui a assassiné, en 2003, le commissaire principal de Mekla et qui est derrière les différentes attaques perpétrées contre les convoyeurs de fonds sur la RN 15 entre Larbaâ Nath Irathen et Aïn El Hammam et sur la route menant de Mekla à Aït Yahia, entre 2005 et 2006. L'été dernier, le groupe a organisé deux hold-up contre les agences postales de Djemaâ n'Saharidj et de Aït Yahia, en l'espace de 2 heures. Ce groupe, qui a souvent réussi à déjouer toutes les opérations menées contre lui par les services de sécurité, reste le plus actif dans la wilaya de Tizi Ouzou. L'autre groupe qui fait parler de lui plus souvent, qui serait l'artisan des bombes de Draâ Ben Khedda, Si Mustapha, Souk El Had et Boumerdès, est celui qui active au sud-ouest de la wilaya de Tizi Ouzou et à l'est et au sud de Boumerdès. C'est le plus important en termes d'effectifs. Il compterait entre 100 à 150 éléments activant entre les deux wilayas limitrophes, dans un territoire vaste, très accidenté et fortement boisé.