Un climat de colère règne au sein des tours 1, 2, 4 et 5 de la cité AADL des Bananiers, à l'est d'Alger. Les locataires protestent contre le non-accomplissement des prestations pour lesquelles ils versent mensuellement une somme oscillant entre 2400 et 2700 DA par foyer et selon le type d'appartement occupé. Ces prestations consistent, entre autres, en la maintenance des équipements collectifs des immeubles, la sécurité des biens et des personnes, l'hygiène, le gardiennage du parking… Des représentants des locataires venus à la rédaction affirment qu'aucune prestation n'est assurée jusqu'à présent au niveau de ces quatre tours. « Les immeubles sont totalement abandonnés, délaissés », résume l'un d'entre eux qui en a gros sur le cœur. « Certains ascenseurs ne sont pas opérationnels, d'autres fonctionnent de temps à autre. L'éclairage public est quasiment inexistant… », relève-t-il avec amertume. Pour lui, comme pour le reste des locataires de ces quatre tours, les prestations « présumées » rendues demeurent « invisibles ». Autrement dit, aucune contrepartie des charges locatives payées mensuellement rubis sur l'ongle n'est visible. La situation perdure depuis août 2006. « Où va donc notre argent ? » se demande Lakhdar Mariche, l'un des locataires. Dans l'espoir de trouver une solution, ces derniers ont pris attache avec le directeur régional de l'AADL, le 27 septembre 2006. « Le directeur Ahmed Bey s'est engagé à l'époque à prendre en charge nos doléances », souligne M. Mariche. En vain. Les engagements de M. Bey n'ont jamais été tenus, affirme M. Mariche. Malgré l'arrivée d'un autre responsable avec la création d'une filiale AADL chargée justement de la gestion immobilière, la situation n'a pas bougé d'un iota. Les locataires se trouvent encore confrontés aux mêmes défaillances et problèmes que la direction de l'AADL, selon eux, n'a pas daigné prendre en charge. Refus de dialogue Devant la fermeture des portes du dialogue, les locataires ont décidé de recourir à une forme de protestation, à savoir ne plus payer les charges locatives. Cette décision est mise en application depuis janvier. Les protestataires ont informé la direction générale de l'AADL par le biais d'une lettre qui a été également adressée au P/APC de Mohammadia et au ministre de l'Habitat. « Nous nous acquitterons, chaque fin de mois, de la partie liée au loyer et nous ne paierons pas les parties des charges. Cette décision ne sera levée que si des engagements fermes et crédibles sont pris par votre direction pour assurer de véritables redressements dans la gestion du parc immobilier et des prestations rendues aux locataires », est-il mentionné dans la lettre. Les protestataires précisent cependant que leur but n'est pas « de remettre en cause ces charges, ni les montants », mais plutôt d'exiger que « la contrepartie soit du même niveau, c'est-à-dire assurant la satisfaction des locataires ». Il est souligné dans la même missive que « les moyens mis en œuvre (pour assurer la gestion de cette cité) sont dérisoires et ne répondent aucunement aux exigences d'une gestion dynamique et rationnelle » attendue par les locataires. Les rédacteurs de la lettre estiment que « l'actuelle gestion immobilière dévalorise la politique de l'Etat algérien, politique qui vise à assurer au citoyen bénéficiaire du programme de location-vente un standing de vie moderne en engageant sa participation financière ». Les locataires exigent ainsi de la transparence dans la gestion de leur cité et se déclarent « prêts » à travailler en complémentarité avec l'AADL, si celle-ci accepte d'asseoir une culture du dialogue.