Le cercle de l'Armée nationale populaire a été l'hôte, durant deux jours (les 1er et 2 mars), d'un événement médiatique portant sur une réflexion et un constat actuel des lieux de la Radio algérienne. Un brainstorming sur la radio de service public initié par l'ENRS. Le brainstorming — proprement dit le remue-méninge ou encore la « tempête dans le cerveau » est une méthode de travail en groupe pour obtenir un nombre important d'idées, inventée par Alexander Osborn — aura porté sur le thème faisant office de questionnement : « Quelles sont les grandes lignes du plan de développement à définir et à mettre en œuvre par la Radio algérienne pour une adaptation de la communication aux différents segments de la société et des régions ? » Dans une allocution ayant ponctué ce brainstorming, El Hachemi Djiar, ministre de la Communication, exhortera l'assistance, constituée de professionnels issus des médias, à une mise à niveau. Une nécessité majeure pour les médias nationaux, car la communication est, dans le monde d'aujourd'hui, un enjeu, social, économique et culturel. Notamment, sur le plan du marché de la publicité, en pleine croissance, que la concurrence étrangère est en train de rafler aux médias nationaux. Il s'agit d'une concertation placée sous le signe de la mise à niveau visant notamment des attitudes, des méthodes, des réflexes et des comportements nouveaux basés sur le professionnalisme et la déontologie... Par conséquent, combler le vide juridique qui caractérise le secteur, de rétablir l'unité organique et la cohérence de sa branche publique et de résoudre la problématique de la chaîne logistique de la presse écrite, publique et privée » et d'ajouter en substance : « Il faut assurer aux Algériens de l'intérieur et de l'extérieur un égal accès à l'information diffusée par les médias nationaux. » En matière de numérisation de la radio, une belle leçon fut dispensée par le Soudan. Celle de Awad Aid, ingénieur à la Sudaneese Radio TV Corporation (SRTC). Lors de sa communication, il « filera ses complexes » à l'auditoire en annonçant que le Soudan a déjà acquis une solide expérience concernant le processus de numérisation de la radio, et ce, par analogie à l'Algérie. Ainsi, le Soudan est à l'ère (air) numérique depuis 2001. La radio soudanaise a procédé à la suppression pure et simple de tous les moyens analogiques pour s'adapter aux nouvelles technologies, malgré les erreurs commises lors de la transition sonique durant les premiers mois de la modernisation de la radio. Les avantages de la numérisation sont patents : une diffusion automatique, un gain de temps, un montage rapide et la création de fonctions techniquement nouvelles à la radio. De front, l'expérience de la radio publique britannique BBC (British Broadcasting Corporation) est éloquente et enrichissante à propos de la numérisation. La BBC est une radio et TV publiques, régie par une charte royale (renouvelable chaque 6 ans), à redevance (131,50 pound par an et usager), aux revenus annuels (3 milliards de livres sterling) avec un gisement de 26 000 employés. Sa mission première est triptyque : informer, éduquer et divertir avec une accessibilité numérique de l'ordre de 80% sur l'ensemble du Royaume-Uni allant vers un abandon total des moyens analogiques en 2011. Le passage à la numérisation aura été d'un très bon apport quant à la célérité de diffusion, d'efficacité et d'efficience digitales. L'évidence est illustrée par ces 5 millions de téléchargements mensuels sur You Tube et puis cette frénésie pour la TV accessible par téléphone portable, la TV par internet l'i Player et surtout cet engouement pour la télévision à la carte. A ce propos, Jerry Timmins, responsable du BBC World Service (Afrique et Moyen-Orient), indiquera : « La numérisation est une action positive. Il s'agit d'atteindre et d'exploiter un large éventail sur un petit segment. Par voie de conséquence, engranger une manne financière et acquérir une grande audience. Si le secteur public ne le fait pas (numérisation), c'est le privé qui s'en chargera. Les valeurs ont changé. Pour qualifier la numérisation en un seul vocal : une ouverture ! C'est très important d'aller vers la numérisation et très vite ! En Afrique, l'on a pris conscience de cela. Les opportunités en Afrique sont meilleures qu'en Grande-Bretagne pour ce qui est de la décision d'action. Aussi, aujourd'hui dans le monde, personne n'a le choix d'ignorer la numérisation. Parce que les équipements analogiques ne seront plus fabriqués. La numérisation est un adjuvant pour l'économie. » Ayant impulsé ce brainstorming de la Radio nationale, Azzeddine Mihoubi, DG de l'ENRS, abondera dans le même sens en déclarant : « La numérisation est une urgence. Ce n'est pas un choix, mais une nécessité ou bien on a qu'à “fermer”. Le temps de l'analogique est obsolète et révolu. On vient de désigner un assistant chargé de la numérisation de la radio. Tous les équipements et moyens digitaux sont en cours d'installation (les réseaux déjà opérationnels). L'année 2007 sera celle de la numérisation de la radio avec des échéances. Ce qui ressort de ce brainstorming, c'est l'implication de tous les acteurs et actants de la radio au sujet de l'avenir de la radio. Ainsi, un plan d'action global pour la radio œuvrera pour l'éventuelle ouverture d'un centre de perfectionnement, formation et autre recyclage et d'une Maison de la radio, la refonte des textes de la radio (datant de 1991) et l'amendement des critères de recrutement. » Cependant, quant à la politique de relance du secteur de la communication et notamment la mise à niveau des médias algériens qui est une initiative de bon aloi, dans l'immédiat, une urgence demeure et reste. C'est celle du déverrouillage du champ médiatique. En clair, l'ouverture vers une expression audiovisuelle et écrite plurielle, libre et directe. Un acte qui ne serait que méritoire dans le concert des nations. Un argument massue pour le schéma de communication et de l'image de l' Algérie. C'est la condition sine qua non !