Mathématiquement cartésien ! C'est le moindre qualificatif qu'on peut imputer au communiqué que le bureau de wilaya du Mouvement El Islah a rendu public hier. D'abord le titre du document choisi, une opération de multiplication en l'occurrence, suffit pour donner le ton de l'étonnement, pour ne pas dire de l'incompréhension. « 2 x 2 = 5 !? » tel était le titre mis en évidence. Est-ce là une façon de dire que les calculs de Zerhouni et des « redresseurs » sont carrément faux ? Ou est-ce plutôt une façon de rappeler que c'est la deuxième fois que le cheikh fait face à un « coup d'Etat », après celui qu'il a connu lors de la période En Nahda ? On n'en saura rien et il appartient à chacun d'en faire sa lecture. La suite du communiqué, après un rappel de la constituante de la base du Mouvement à Skikda, la plus importante au niveau national, revient sur le « congrès » des redresseurs pour le qualifier de « non-événement ». « Nous demandons aux instances concernées, à leur tête le ministère de l'Intérieur, de ne pas reconnaître les résolutions du congrès », lit-on dans le communiqué. Les signataires déclarent, par ailleurs, leur totale allégeance à « la direction légale issue du congrès constitutif sous la présidence du cheikh Djaballah... jusqu'à la tenue du premier congrès qui aura à rassembler tous les enfants du Mouvement El Islah qui auront, eux seuls, à décider de l'avenir de leur mouvement ». Ce communiqué, qui est resté en gestation durant toute la journée de samedi, jour où Djaballah était reçu par Zerhouni, n'a été rendu public qu'hier en début d'après-midi et sa diffusion s'apparente aujourd'hui à une véritable montée au créneau des fidèles. Elle semble même représenter une réponse prématurée à ce qui se serait dit lors de la rencontre de Zerhouni avec le « citoyen » Abdallah Djaballah. Sa diffusion et les termes assez « durs » qui ont constitué son prélude, à l'exemple du passage « la rébellion dans les partis est devenue une pratique légalisée et encouragée par les pouvoirs », attestent de deux choses : la première est que Djaballah, se sentant affaibli au niveau central, est retourné encore une fois à ses bases locales pour se ressourcer et trouver l'appui nécessaire. La deuxième, plus importante, semble attester que Djaballah a bien compris le message du ministère de l'Intérieur qui ne serait pas près de faire marche arrière, préférant passer carrément à l'offensive.