Communément appelée Roud Essaïmine par les Beïdis eux-mêmes ou rue des Jeûneurs, cette voie, qui devient piétonne durant le Ramadhan, constitue en fait l'artère principale de la ville des Haraktas dans l'est du pays. Tous les commerces se côtoient dans un tohu-bohu indescriptible. A la cacophonie générale engendrée par les vendeurs de cassettes où se mélangent tous les genres musicaux, s'ajoutent les cris des marchands ambulants.Sur les étals faits de bric et de broc est exposée aux yeux des clients somnolents une profusion de légumes, fruits, pain et sucreries, prétendument orientales, dont l'incontournable zlabia qui tente bon an, mal an de garder la vedette dans la région.D'innombrables boutiques se côtoient le long de la rue où se mêlent boucheries aux senteurs parfois lourdes de viande accumulée jusqu'au seuil des portes, les épiceries achalandées et de faiseurs de bourek occasionnels. Mais dans ce va-et-vient continuel, des altercations souvent brutales, parfois, simulées mettent aux prises des camelots entre eux et des bousculades frisant la panique s'ensuivent, les pickpockets entrent aussitôt en action pour délester certains passants distraits ou simplement ramollis par le jeûne. Ces incidents quotidiens ne doivent pas faire oublier une vigilance de tout instant, à ceux qui empruntent la rue de tous les spectacles, la rue des Jeûneurs malgré la présence dissuasive des agents de l'ordre.