Il y a peu de temps encore, en Italie, il y avait un seul grand festival du film : La Mostra de Venise. Les temps ont changé... en peu de temps. Rome a été au mois d'octobre 2006 un grand lieu de cinéma avec Romacinemafesta, véritable coup de maître : un festival grandeur nature avec ses rouages, ses codes, ses lieux prestigieux, ses stars et ses médias, sans parler d'un programme de haut niveau. En juillet prochain, Rome, toujours dans sa quête existentielle de capitale artistique et culturelle, va inaugurer un autre festival international consacré à la télévision. Grâce à la Rai, les sensibilités du cinéma et de la télévision sont proches en Italie. Les deux festivals de Rome ne risquent donc pas de gâcher leur personnalité. Romafictionfestival, sous la direction de Felice Laudadio, qui a dirigé le Festival de Faormina, aura lieu du 2 au 7 juillet prochain. On espère que la télévision algérienne participera à l'événement avec ses fictions, ses séries et ses docudrames, comme toutes les autres chaînes du monde qui vont se retrouver à Rome dans le cadre du Marché du film pour acheter, vendre, échanger... Romafictionfestival se veut un lieu d'échanges entre les professionnels du monde entier. La célèbre Villa Borghese, le Palazzo della Rovere seront parmi les lieux choisis pour le déroulement de la manifestation. Encore une fois, Rome cherche à redorer son blason vis-à-vis de Milan, Turin et Venise. Mais à Rome, on a l'intelligence de dire qu'on n'a aucune intention mauvaise et qu'il n'est pas question de concurrencer la Mostra par exemple. Cela dit, malgré Cinecitta, il y avait à Rome comme une angoisse du vide cinématographique. Ce qui est hautement paradoxal, car combien d'illustres cinéastes vivaient ou vivent encore et travaillent à Rome. Il fallait créer un cadre pour un festival romain de cinéma sans oublier la télévision et la vidéo. Comme il existe dans le monde très peu de villes aussi belles que Rome, son seul nom va créer un énorme enthousiasme autour de ces nouveaux festivals. Ce qui se passe à Rome, principalement autour du cinéma, a une raison. Rome, comme toute l'Italie, a une vraie passion du cinéma. On le sait déjà au même titre que la littérature, la poésie, la mode, la musique, la peinture, le cinéma italien a produit les plus grands chefs-d'œuvre signés Rossellini, Visconti, Antonioni, Pasolini, De Sica. Quand, il y a quelques années, les choses clochaient au niveau de l'économie nationale, le cinéma italien était inquiet pour son avenir. La crise affaiblissait l'action du « ministère des Spectacles », qui est le ministère de la Culture en Italie. La chaîne de télévision Rai tentait d'aider le cinéma (un peu comme fait aujourd'hui l'ENTV chez nous), mais les budgets restaient bas. Plus aujourd'hui : la période de crise est passée. Le boom de l'économie italienne se reflète dans le cinéma. Financièrement et artistiquement, il y a un renouveau dans la production. Les succès ont suivi. Comme le triomphe à Cannes de Nanni Moretti. Ce qui prouve que le cinéma italien n'a pas fini d'étonner le monde. Voilà pourquoi Rome se retrouve avec deux festivals. Avec en prime un apaisement total dans la guerre cinéma-télévision.