Cette troisième semaine du dernier mois du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies chargée de l'organisation du référendum au Sahara-Occidental) s'annonce chargée. Comme cela se fait habituellement depuis 1991, le Conseil de sécurité sera destinataire d'un rapport du Secrétaire général de l'ONU sur l'état d'application du plan de paix des Nations unies, et comme cela se fait tout aussi habituellement, des propositions tendant à aller de l'avant. Telle est la pratique, sauf que le plan en question est bloqué dans son application par le Maroc qui n'en a retenu que l'observation d'un cessez-le-feu. C'est le seul volet du plan à avoir été appliqué, car le Maroc s'est rétracté et renié ses propres engagements conclus avec le Front Polisario, l'autre partie au conflit. La première partie de ce volet est connue à travers les seules révélations qu'en font les dirigeants sahraouis destinataires du rapport en tant que partie au conflit, le rapport n'ayant pas été rendu public. La conclusion qu'ils en tirent est caractérisée par une relative satisfaction. En effet, le secrétaire général du Front Polisario l'a qualifiée d'« équilibrée », d'autant que, souligne-t-il, il affirme que l'autodétermination constitue la seule solution au conflit du Sahara-Occidental. « Il s'agit d'un rapport normal et équilibré, car il maintient et insiste sur le fait que le problème du Sahara-Occidental est un problème de décolonisation et que sa solution réside dans le respect du droit des Sahraouis à l'autodétermination », a indiqué Mohamed Abdelaziz. Trois options Pour le Président sahraoui, ce rapport, soumis au Conseil de sécurité, « enregistre et reflète la préoccupation de l'ONU en ce qui concerne les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara-Occidental, comme il indique également que le Front Polisario et le gouvernement du Maroc doivent entamer des négociations pour arriver à une solution qui garantit le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ». Il a réitéré, dans ce cadre, son appel au Conseil de sécurité pour qu'il exerce « les pressions nécessaires » sur la partie « qui bloque le droit international et viole les droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara-Occidental ». Concernant les propositions soumises mardi dernier par le Front Polisario au Secrétaire général de l'ONU, M. Abdelaziz a indiqué que « le Conseil de sécurité a considéré que ces propositions sont constructives, objectives et flexibles » vu qu'elles « reflètent les résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité et la Cour internationale de La Haye et, en conséquence, la légalité internationale ». « Ces propositions offrent aussi et contrairement à celles avancées par le Maroc, trois options, à savoir l'indépendance, l'intégration au Maroc ou l'autonomie », a-t-il dit, ajoutant qu'elles reflètent « notre disponibilité à engager des négociations sérieuses avec le Maroc », ce qui constitue, selon lui, « une ouverture réelle » sur ce voisin. Il reste que la question de l'autonomie n'est pas perçue de la même manière par les Sahraouis et les Marocains, ces derniers n'y voyant qu'une reconnaissance du fait accompli colonial, puisque fait prévaloir Rabat, un tel cas de figure ne peut être envisagé que « dans le cadre de la souveraineté marocaine », un principe que les Sahraouis entendent exercer pleinement, le droit international plaidant en leur faveur. M. Abdelaziz n'a pas écarté, par ailleurs, l'éventualité d'une reprise des hostilités armées devant la situation de blocage, soulignant que la position du Maroc risque de « faire avorter le processus de décolonisation pour lequel la communauté internationale a beaucoup donné ». Mhamed Khadad, coordinateur du Front Polisario avec la Minurso, avait souligné que le rapport en question « constitue une nouvelle preuve » de l'attachement des Nations unies à la légalité internationale à travers la réaffirmation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. En effet, pour les Nations unies, la solution du problème du Sahara-Occidental « doit être mutuellement acceptable et assurer l'autodétermination du peuple sahraoui », selon Mhamed Khadad qui a rappelé que le SG de l'ONU a choisi d'accorder un traitement égal aux deux propositions et s'est abstenu de tout commentaire sur leur contenu. Dès aujourd'hui, ce rapport sera soumis aux quinze membres de l'instance onusienne qui devront se prononcer par vote avant la fin de ce mois.