Certes, la résistance contre le terrorisme et l'intégrisme a épousé différentes formes en Algérie. Néanmoins, nombreux ceux qui s'accordent à dire que tout a commencé le 22 mars 1993. Les assassinats à cette époque faisaient déjà rage à travers tout le pays. La veille, la centrale UGTA et plusieurs organisations des différents pans de la société lançaient un appel à une marche de dénonciation du terrorisme. Plusieurs centaines de milliers d'Algériens et d'Algériennes surtout ont répondu à cet appel. Cette démonstration avait malheureusement entraîné des représailles de la part des hordes du GIA qui avaient commis une série d'actes barbares. La société civile payera plus tard un lourd tribut. C'était à partir de cette marche qu'avait commencé une série d'assassinats des intellectuels. Une année après, le 22 mars 1994, les associations de femmes organisaient une marche mobilisant près de 100 000 femmes à Alger. La marche avait démarré de la place du 1er Mai pour se terminer devant le siège de l'ex-Observatoire des droits de l'homme, devenu aujourd'hui la Commission consultative nationale de promotion des droits de l'homme (CCNPDH). A la même époque, à l'appel de l'UGTA, un arrêt de travail était suivi massivement dans toute l'Algérie en signe de protestation, à la fois contre le terrorisme et les accords avec le FMI. Un peu partout à travers le pays, à l'appel d'associations inconnues du public, se déroulaient des marches de dénonciation. Peu après, d'autres marches avaient lieu à travers le pays, comme ce fut le cas à Aïn Témouchent, Tlemcen, Skikda, Jijel, Biskra, Tindouf, Guelma, Mostaganem, Béjaïa, Souk Ahras… où étaient sortis durant les années 1994-1995 des hommes et des femmes pour braver le terrorisme. A Sétif, près de 70 000 citoyens avaient participé en septembre 1995 à une imposante marche contre les actes de violence et de condamnation des assassinats de paisibles citoyens. Le 20 août 1997, des dizaines de milliers de manifestants avaient défilé dans les villes du pays pour dénoncer le terrorisme, en réponse à un appel lancé par la centrale syndicale UGTA. Même si Alger n'avait pas suivi – ou peu suivi – le mot d'ordre de dénonciation du terrorisme lancé par l'UGTA, à l'occasion de la célébration du 20 août, plusieurs wilayas avaient répondu favorablement en organisant des marches. Les organisateurs les ont estimés à 700 000 manifestants. Toutefois, les partis politiques n'étaient pas du rendez-vous, ils avaient refusé de participer à cette marche. La mobilisation de la société civile contre la barbarie terroriste n'était pas restée là puisque différentes ONG et associations de victimes du terrorisme n'ont pas cessé depuis d'occuper les places publiques pour dénoncer notamment la politique massive de libération des terroristes. Ce fut le cas il y a une année, le 22 mars 2006, lorsque plusieurs associations, notamment Djazaïrouna de Blida et RAFD, avaient organisé un sit-in à Alger pour dénoncer la libération des terroristes et exiger la réhabilitation de la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que l'Algérie républicaine reste debout.