Aux dernières nouvelles, c'est la nouvelle chaîne qui monte, BFM, qui doit organiser ce matin le débat entre le centriste François Bayrou et la candidate socialiste Ségolène Royal. A moins que cette chaîne ne se retire elle aussi de la course. Canal +, qui était initialement retenue pour le débat, s'est désistée en avançant des arguments peu convaincants. Il n'en fallait pas plus pour que le président de l'UDF accuse Nicolas Sarkozy d'intimidation et de pression. « Ce que j'ai défendu contre les régimes de l'Est, je le défendrai en France. Je dis avec certitude qu'il y a dans l'organisation de Nicolas Sarkozy, depuis longtemps, une tentative de verrouiller l'information. Nous avons sous nos yeux la preuve que cette propension de Nicolas Sarkozy à verrouiller l'information et le débat est nuisible pour la France. » Et de mettre en cause « les réseaux qui rapprochent de très grandes puissances financières et de très grandes puissances médiatiques autour de Nicolas Sarkozy. On est en train de choisir le chemin d'une immense régression qui met en cause le droit élémentaire des Français à être informés. Songez que Nicolas Sarkozy n'est pas encore élu. Qu'en sera-t-il s'il est élu ? », s'inquiète le 3e homme. Ségolène Royal et François Bayrou, dont les 6,8 millions d'électeurs détiennent la clé du second tour de la présidentielle, accusent Nicolas Sarkozy de pressions pour les empêcher de débattre en vue d'un éventuel rapprochement. Le favori des sondages à l'Elysée jouit de grandes amitiés avec les patrons de presse, notamment Bouygues (TF1) et Lagardère, propriétaires de nombreux titres et radios. Et de rappeler que l'ancien locataire de Place Beauvau a fait démettre le rédacteur en chef de Paris Match, hebdomadaire appartenant à Lagardère, et – une première en France – a réussi l'exploit de faire interdire un livre avant sa mise en vente. Il avait convoqué dans son bureau l'éditeur pour le dissuader de faire paraître un livre sur son épouse. « Personne ne nous fera taire », promet la candidate socialiste qui met elle aussi en cause « le système médiatico-financier auquel est lié Nicolas Sarkozy ». « Si aucune solution n'est trouvée, nous saisirons le CSA, et le Conseil d'Etat en référé sur les libertés », souligne-t-il. L'interdiction pratique porte un coup très grave à l'expression des sensibilités politiques diverses et une atteinte au pluralisme. Cela revient à imposer à Mme Royal les formes de son expression, avec qui et quand. « L'UMP ne fait pas pression. Ils ne font qu'intervenir à longueur de temps », ironise l'avocat Jean-Pierre Mignard, saisi par Ségolène Royal. Le Parti socialiste et l'UDF surfent sur tout sauf Sarkozy, avec la peur que suscite l'ancien ministre de l'Intérieur sur l'électorat modéré. Selon les derniers sondages, l'électorat de l'UDF voterait à plus de 40% pour Ségolène Royal et un peu plus d'un tiers pour Nicolas Sarkozy. Le quotidien de gauche Libération, qui a fait campagne pour la candidate socialiste, et l'hebdomadaire Marianne, proche de François Bayrou, se disent prêts à organiser le débat si celui-ci venait encore à échouer. « L'arithmétique pointilleuse du CSA d'un côté, le poids des sympathies auprès du candidat Sarkozy de l'autre, font que le devoir d'informer subit une entrave insupportable dans une démocratie. Les concentrations excessives dans la presse française ; les amitiés particulières entre le monde politique et les directions des médias ; la façon dont sont nommés les membres du CSA, jettent la suspicion sur tout un secteur professionnel et constituent une atteinte directe au droit légitime des citoyens d'être correctement informés », remarque le SNJ, premier syndicat des journalistes.