Le débat tant attendu entre Ségolène Royal et François Bayrou a finalement eu lieu, hier aux environs de onze heures, sur la chaîne de télévision BFM TV et les ondes de la radio RMC, dans une ambiance jugée sereine. Bien que ponctuée par quelque divergences, concernant les questions économiques notamment, la rencontre a été également marquée par des convergences se rapportant à la réforme des institutions, la relance de l'Europe et la sécurité. Le ton était donné dès le départ car Mme Royal et M.Bayrou n'attendaient pas un ralliement, au terme de ce débat public. "Ce que je n'attends pas de ce dialogue c'est un ralliement à la fin, une espèce de coup de théâtre", a martelé l'adversaire du chef de file de la droite majoritaire (UMP), M. Nicolas Sarkozy en l'occurrence. Elle a qualifié cette rencontre d'inédite et d'un événement sans précédent dans l'histoire de la Ve République. Elle ajoutera, dans un langage franc, que "l'affrontement bloc contre bloc, ça ne marche pas". "C'est la France qui perd si on reste dans ce système" persiste-t-elle à faire valoir. Si Mme Royal et M. Bayrou ont réussi à trouver un terrain d'entente sur certaines questions d'ordre institutionnel, il n'en demeure pas moins que sur le plan économique le leader centriste a affiché, sans détour aucun, son désaccord total. Le principal point de discorde trouverait son origine dans les promesses de la candidate socialiste qui a avancé son intention d'injecter quelque 62 milliards d'euros, un projet scellé dans son "pacte présidentielle". Aussi, M. François Bayrou ne semble pas voir du même œil les questions liées à la dette publique, à l'intervention de l'Etat pour les questions de la sécurité sociale professionnelle ou encore à la souplesse du marché de l'emploi. A Ségolène Royal de rétorquer que "sur la question économique, nous avons des désaccords et mon objectif ici n'est pas de chercher à convaincre François Bayrou puisque le pacte présidentiel que j'ai proposé sera mis en application si les Français me confient cette responsabilité". Sur un autre registre, les deux politiciens se sont prononcés favorablement sur la nécessité d'organiser un nouveau référendum concernant les réformes institutionnelles de l'Union européenne. Quant à une éventuelle réforme de la Banque centrale européenne, à laquelle la socialiste est favorable, le leader de l'UDF s'est une fois de plus exprimé contre. Le débat d'hier, entre François Bayrou et Ségolène Royal, malgré toute la controverse déclenchée avant sa tenue, vient donc de relancer de plus belle la campagne pour le second tour qui avait tendance ces dernières 72 heures à prendre une tout autre tournure. "Verrouillage médiatique", "collusions d'intérêts", "délit de faciès et délit d'opinion", autant d'accusations au relent de tirs croisés entre les deux candidats que devront départager les urnes le 6 mai prochain. Entre temps, l'opinion publique française est tenue en haleine par cette question sans réponse : qui sera président et qui sera Premier ministre ?