En vue de séduire les électeurs des législatives du 17 mai, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a, pour sa première sortie sur le terrain, choisi les Eucalyptus, une localité pauvre de la banlieue d'Alger. Une région connue pour avoir durement subi de plein fouet les affres du terrorisme durant les années « noires ». Le choix du président du MSP, qui a également marqué une halte à Baraki — située également dans le triangle de la mort —, est donc loin d'être inopiné quand on sait que c'est dans ces localités qu'on récolte les voix des islamistes. Boudjerra Soltani, qui a animé jeudi un meeting populaire dans la salle de l'APC des Eucalyptus, a d'emblée annoncé la couleur. « Le MSP n'est pas un parti condamné à être un simple figurant, l'objectif, selon notre programme, est l'accession au pouvoir », a-t-il dit. Le slogan de ce parti en dit d'ailleurs long : « Le changement tranquille. » Autrement dit, le MSP veut entrer au pouvoir sur la pointe des pieds. Le président du MSP, qui a affirmé que son parti se trouve dans les trois dimensions d'islamiste, de démocrate et de nationaliste, a souligné que son parti « ne se contentera pas de participer au gouvernement, mais œuvrera pour arriver au pouvoir de façon pacifique et démocratique ». « On ne brisera pas la porte, mais on l'ouvrira avec la clé de la démocratie », a-t-il ironiquement ajouté. M. Soltani, qui s'exprimait dans une salle à moitié occupée par des femmes vêtues de hidjab, a souligné « la nécessité » de respecter le choix du peuple lors des prochaines élections législatives. M. Soltani a ajouté que le respect du choix des électeurs « permettra de rétablir la confiance du citoyen envers ses institutions et ses élus », appelant dans ce sens les citoyens « à voter massivement le jour du scrutin ». Sa promesse : si son parti « obtient la majorité au Parlement ou du moins un score satisfaisant aux prochaines législatives, il œuvrera pour l'établissement d'un Etat de droit dans le cadre de la bonne gouvernance et pour la révision de beaucoup de lois ». Mais, M. Soltani ne dit pas quelles sont les lois qui vont subir cette révision. « Nous sommes venus aujourd'hui vous présenter nos hommes et nos programmes pour édifier ensemble l'Etat algérien, dont rêvaient les martyrs de la glorieuse guerre de Libération nationale. Un Etat démocratique et social dans le cadre des principes de l'Islam », a-t-il encore dit à l'adresse de l'assistance. M. Soltani s'est beaucoup attardé dans son discours sur la décennie du terrorisme, qui a fait, a-t-il déploré, « plus de 100 000 victimes et engendré 26 milliards de dollars de perte à l'Etat, en plus de 15 ans de retard dans le développement du pays ». Avant les Eucalyptus, Soltani s'est également rendu sur le lieu de l'attentat du commissariat de Bab Ezzouar et a marqué une halte au cimetière d'El Alia pour se recueillir sur la tombe du défunt cheikh Mahfoud Nahnah.