Elle ne s'est pas fait trop attendre la riposte des services de sécurité. Deux semaines après ses sanglants attentats à Alger, le GSPC essuie son premier « coup dur ». L'élimination jeudi par l'ANP du n°2 du GSPC, Samir Moussaab (présenté aussi comme le « coordinateur » des opérations kamikazes du 11 avril dernier) intervient dans un contexte particulier marqué, notamment, par le lancement officiel de la campagne électorale des législatives du 17 mai prochain, mais aussi et surtout après que des responsables politiques, dont des représentants du gouvernement, ont relevé au lendemain des attentats kamikazes une « baisse de vigilance » et un « relâchement sécuritaire » pour justifier la dégradation du climat sécuritaire. Pour être plus crédible, le « démenti » ne doit venir que du « champ d'opération », chose que les autorités sécuritaires ont, semble-t-il, pris le soin de faire. L'intensification des opérations militaires et policières contre les maquis et les réseaux de soutien du Gspc apparaît ainsi comme la conséquence directe des attentats suicide d'Alger, même si certaines opérations militaires qualifiées « d'envergures », comme celle se déroulant en Kabylie, ont été bien antérieures à ces attentats. La région de Kabylie, où le commandement « restructuré » du GSPC aurait été « localisé », est devenue depuis l'été 2006 le nouveau théâtre d'opérations des troupes de l'ANP et des services de sécurité. Ces effectifs auraient été renforcés depuis les deux attentats du Palais du gouvernement et du commissariat de Bab Ezzouar. Les effectifs seraient actuellement de près de 10 000 hommes, tous services de sécurité confondus, à se lancer dans les maquis de la Kabylie, aux trousses de Abdelmalek Droudkal, alias Abou Moussab Abdelwadoud, l'émir du GSPC depuis juillet 2004 et chef de la branche Al Qaïda au Maghreb islamique , sa nouvelle appellation. L'accession aux commandes de Abdelmalek Droudkal a donné lieu à un changement radical dans la stratégie du GSPC, et son affiliation à Al Qaïda a décuplé ses capacités de nuisance. La preuve avait été donnée le 11 avril dernier et c'est certainement l'événement qui amènera les autorités sécuritaires à reconsidérer avec plus de sérieux la menace que constitue le GSPC, d'où l'intensification de la lutte antiterroriste. L'approche des élections, dont la campagne s'est ouverte jeudi, n'est pas complètement étrangère à cette intensification. Le GSPC, en effet, ne manquera sans doute pas de s'inviter et avec fracas dans la campagne, comme l'ont fait avant lui les GIA et l'AIS lors de précédents scrutins, d'où l'urgence pour les services de sécurité de le décapiter et réduire ses capacités de nuisance.