Un seul juge d'instruction exerce au tribunal de la commune de Dréan, chef-lieu de daïra dans la wilaya d'El Tarf. Un seul magistrat pour instruire des dizaines de dossiers, écouter, interroger, faire des investigations, insister sur tel ou tel fait. Il lui appartient de tenter de découvrir la faille dans les déclarations, des accusés, des témoins à charge et à décharge, pour gérer aussi son temps et celui de ses proches collaborateurs. Comme cela ne suffit pas, il doit aussi rendre compte à sa hiérarchie sur le déroulement de l'instruction de tel ou tel dossier. Tels sont les propos qui, ces derniers jours, reviennent dans les discussions des habitants de la daïra de Dréan, forte de 75 000 âmes sur les 500 000 que compte la wilaya d'El Tarf. Pour les uns, le jeune magistrat en poste depuis presque une année réalise des performances. Pour d'autres, la charge de travail quotidienne ne lui permet pas de disposer du temps nécessaire pour étudier avec minutie une affaire. Trois greffiers sont quotidiennement mobilisés pour traiter différents délits et enregistrer les aveux, négations ou déclarations des uns et des autres convoqués. A elle seule, avec 45 000 habitants, la commune de Dréan compose le plus grand nombre de justiciables. Le chômage, le mal-vivre, la promiscuité et la misère ont poussé les jeunes vers la délinquance, le trafic et la consommation de la drogue et des psychotropes. « Notre wilaya est sans wali depuis des mois. Le précédent a trempé dans des affaires louches dans notre wilaya frappée durement par les fléaux sociaux. Des familles sans ressources poussent leurs enfants à vivre d'expédients, faute de pouvoir les nourrir », affirment des citoyens de cette commune interrogés à proximité du tribunal. Ce sont des pères de famille dans l'attente du procès d'un de leurs progénitures surpris en flagrant délit de vol. Ils sont originaires de Aïn Alam, une localité de Dréan qui compose le plus important groupement d'auteurs de délits divers entre vols, agressions, coups et blessures volontaires, port d'arme prohibée… Placé sous la juridiction de la cour de justice de Annaba, le tribunal de Dréan est quotidiennement envahi par des justiciables entre accusés, victimes et témoins qui s'entassent dans une salle exiguë pour une attente à durée indéterminée.