Nous ne parlerons pas de réconciliation, car pour nous cet aspect s'est déjà concrétisé sur le terrain et n'a pas besoin de surenchère (moutadjara) politique. » C'est avec ces propos que Ahmed Ouyahia, voulant sans doute répliquer de manière subtile à Abdelaziz Belkhadem, son rival du FLN, a entamé son discours lors du meeting que ses pairs du RND lui ont organisé hier à Oran au Palais des sports. Pour lui, la bataille contre le terrorisme est gagnée et il est temps de vaincre, en prenant de grandes décisions, le chômage et la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures pour redonner espoir à la population. Le secrétaire général du RND a longuement développé l'idée selon laquelle les promoteurs algériens du secteur privé doivent être encouragés pour participer au programme d'édification de logements (1,2 million d'unités promises) auquel sont consacrés 700 milliards de dinars. A ce propos, il a également évoqué le fait que la ville d'Oran était très active, question entreprises privées, à l'époque du socialisme et déplore le fait que cette dynamique n'ait pas survécu à l'entrée de l'Algérie dans l'ère de l'économie de marché. Tout en rappelant que la ville a bénéficié de superstructures comme l'USTO et, tout récemment le nouvel EHU, unique en son genre en Algérie, il a donné l'exemple de la zone d'activité de Chtaïbo dont la viabilisation laisse à désirer, des aspects qui peuvent entraver l'attractivité économique. A propos d'université, c'est à juste titre qu'il a rappelé que « la meilleure université algérienne est classée à la 250e place dans le monde ». Ce classement ne tient pas compte du nombre d'étudiants (ils sont 900 000 en Algérie) ni des murs mais, souligne-t-il, de la capacité à reproduire le savoir et mener de la recherche. Pour lui, l'Informatique doit être introduite comme matière obligatoire dans le cycle primaire. Cette proposition rappelle la décision de promouvoir cette discipline prise par le gouvernement indien dès le début des années 1980, malgré les réticences. En appelant à la nécessité d'une réelle prise en charge de l'élite, il est revenu pour critiquer ceux qui soutiennent le programme du président de la République, mais qui caressent l'électorat dans le sens du poil. « Dans les autres discours vous n'entendrez pas parler d'efforts et de sacrifices qu'il faut consentir pour rattraper le temps perdu », lance-t-il en référence à l'Espagne qui a su se surpasser et redresser la tendance vers le développement. Hormis le thème de la culture auquel le SG du RND a consacré une partie de son discours, fait inédit, du moins à Oran, les problèmes de sécurité ordinaire liée à la délinquance et le fléau de la drogue ont fait leur intrusion dans cette campagne. Ahmed Ouyahia est favorable à la réforme de la justice mais aussi au renforcement de la police, au durcissement de la loi et, par conséquent, à la construction de nouvelles prisons. Cet homme politique donne une explication aux vagues de libération de prisonniers par la grâce présidentielle. « Les prisons étant surchargées, on libère des centaines pour faire rentrer d'autres détenus. » Quant à la drogue, il estime que la lutte contre ce fléau doit se faire par le biais de la société civile. Enfin, alors que la fierté nationale est mise en avant, et que le drame vécu en Algérie est en partie une conséquence d'erreurs commises, il suggère de sortir du cycle de violence qui risque de revenir d'ici 30 ans si des efforts de développement effectif ne sont pas consentis dès aujourd'hui. « Qu'aura à dire Benhamouda à ce moment-là », anticipe-t-il en citant l'ancien patron de la centrale syndicale dont le sacrifice pourrait être, le cas échéant, vain.