A quelques jours des élections législatives, d'intenses activités sont déployées par les partis politiques qui tentent, bon gré mal gré, de réactiver leurs militants et mobiliser les citoyens. Ni la chaleur d'un été qui s'annonce caniculaire, ni la pression des derniers jours de campagne, n'ont eu d'effets sur les activités des formations représentées à Souk Ahras. Nous sommes au dernier jour de campagne. Les cortèges sillonnent les quatre coins de la wilaya, les hameaux les plus enclavés sont visités par les candidats, et les meetings ne se comptent plus. Vacarme assourdissant, foules compactes devant les commerces et les immeubles et parfois un porte-à-porte qui se transforme en harcèlement, sont autant de désagréments déplorés par les citoyens ces deux dernières semaines. Tous les partis tablent sur le nombre et cherchent les voix même dans les cimetières ! Les grandes tribus sont appelées à la rescousse par le biais des personnes influentes et les associations sportives, celles à caractère social, culturel ou caritatif sont courtisées au même titre. Le discours varie d'un groupe à un autre, d'un parti à un autre. Les distorsions qui caractérisent certains partis n'ont pas été sans conséquences pour la campagne où l'on a signalé plusieurs coalitions contre-nature, notamment entre des mécontents FLN, RND et des radicaux de l'ex-FIS. Ces derniers, pour rappel, font peu cas de la déclaration de Abassi Madani. Engagement ou discours politicien ? Chaque parti en lice tente d'inclure dans son discours les ingrédients de sa réussite, quitte à titiller certaines sensibilités et à réaliser certaines formules presque désuètes du langage politique. Pour Boudjerra Soltani accueilli à Souk Ahras, la deuxième semaine de la campagne électorale, l'arabisation est un projet qui n'a pas été achevé et les administrations publiques continuent quarante ans après l'indépendance à utiliser la langue de l'occupant d'hier. Pour les sympathisants et militants de l'ex-FIS, représentés par quatre autres formations, la responsabilité du votant par rapport à la religion et le châtiment réservé à ceux qui « choisissent mal leurs élus », alimentent les débats depuis l'annonce des listes des candidats des autres partis. Le PNSD a, quant àlui, misé, par le biais de son secrétaire général, sur la population juvénile, les patriotes et les GLD. « Devant cette embellie financière nous proposons une mensualité de 10 000 DA pour chaque chômeur », dira Mohamed Cherif Taleb. Et d'ajouter lors de son meeting : « ceux qui ont su braver le terrorisme, à savoir les groupes de légitime défense et les patriotes doivent être intégrés dans des postes d'emploi permanents ». Le FLN évoque toujours la légitimité historique, parle histoire révolutionnaire mais évite les excès pour mieux gérer la campagne. Harraoubia préfère miser sur les universitaires, la gent féminine, les chômeurs et les travailleurs de l'éducation en sus de la famille révolutionnaire. « Je me permets d'annoncer le projet de la transformation des postes créés dans le cadre du filet social en recrutements permanents au profit des jeunes chômeurs », a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse. Les élus face aux scandales Cette année a été incontestablement celle des scandales et des enquêtes judiciaires sur des affaires liées aux détournements de deniers publics, le trafic d'influence, le faux et usage de faux et la mauvaise gestion. Un élu de l'APC a été récemment condamné à une peine de douze mois de prison avec sursis après attributions illégales de plusieurs lots de terrain dans le cadre des coopératives immobilières. Un autre est actuellement impliqué dans l'affaire de l'OPOW Badji Mokhtar alors qu'un troisième nom a été cité par une instance centrale dans un dossier lié à un détournement des fonds d'une entreprise publique destinés pour l'octroi d'équipement pour prévenir les émanations toxiques. Des lectures différentes mais souvent propagandistes ont été faites timidement et de manière populiste par les partis représentés localement sur d'autres affaires notamment celle de la disparition de 50 passeports de la daïra, le décès de deux personnes dans des conditions contestées par leurs parents lors d'opérations chirurgicales et celle d'Algérie poste, où une centenaire décédée a continué à « percevoir sa pension ». Pis encore, des contestations savamment orchestrées par des élus en mal d'assises ont produit un effet boomerang pour ensuite laisser des relents de mercantilisme et d'arrivisme politicien. « Il est évident que la confiance ne se cultive que dans la constance et certains des candidats reconduits ou propulsés après avoir occupé d'autres postes n'ont su préserver cette confiance », nous a déclaré un citoyen. Et un autre d'ajouter : « je préfère voter pour apporter un démenti à ceux qui continuent de prêcher pour l'édification d'un Etat version Kaboul et Téhéran ».