Les corrections des épreuves de l'examen d'entrée en sixième ont débuté hier. Que tout le monde se rassure : il ne sera pas tenu compte de l'épreuve de français. C'est ce qu'a dit, en substance, le ministre de l'Education nationale à la radio nationale. Il a justifié une telle décision par le fait que de nombreuses écoles primaires de plusieurs wilayas du pays sont dépourvues d'enseignants de français. Mieux, une seconde session est prévue à la fin de l'année solaire. On croit rêver ! Quarante après, l'Algérie qui a hérité de la langue française comme un butin de guerre est incapable d'assurer les besoins de toutes les écoles du territoire en enseignants. On aurait sans aucun doute compris la difficulté s'il s'agissait de trouver des instituteurs devant assurer des cours dans la langue de Shakespeare, mais ce n'est pas le cas. Des milliers de diplômés universitaires en lettres françaises sont au chômage. Malheureusement, personne n'a songé à leur recrutement et leur perfectionnement avant de les verser dans le secteur de l'enseignement primaire qui en a tant besoin, selon Boubekeur Benbouzid. En attendant, certains ne manqueront pas de se demander pourquoi dans de telles conditions ne pas supprimer purement et simplement l'examen d'entrée en sixième ? Au-delà de cet aspect conjoncturel, les parents et les élèves ont de quoi être inquiets devant les tâtonnements dont fait preuve le ministère de l'Education dans l'application des réformes décidées par la fameuse commission Benzaghou. Les exemples ne manquent pas de mesures prises en fanfare et annulées « en douce », attestant de l'improvisation qui préside à la gestion de l'éducation nationale. Cela a été le cas de l'introduction du français en première année du primaire ou encore de l'instauration du contrôle continu, etc. Faut-il alors s'étonner que les élèves se sentent déstabilisés, à l'instar de ceux qui doivent passer le bac, et les parents désemparés, parce que les programmes de terminale n'ont pas été achevés à cause des retards cumulés sur une année scolaire déjà étonnement raccourcie ? Là aussi, le ministère s'est facilement engagé à faire en sorte que les épreuves du bac 2007 ne portent pas sur les derniers chapitres non faits des programmes de terminale. C'est bien plus facile. Et si l'on devait mesurer le chemin parcouru depuis l'indépendance, il convient de rappeler que parmi les premiers défis auxquels a été confrontée l'Algérie de 1962 figurait l'organisation des examens du bac et de l'entrée en sixième. Deux tâches accomplies au sortir de la guerre de libération nationale avec les moyens du bord et de quelle manière ! Aujourd'hui, on apprécie mieux à travers les propos des officiels le marasme dans lequel est plongée l'éducation nationale.