Alger a décidé de ne pas renouer avec les parades militaires. Le président Abdelaziz Bouteflika a finalement annulé le défilé prévu à l'occasion du 50e anniversaire du 1er Novembre 1954, pour ne retenir que les manifestations civiles. Dans un communiqué rendu public hier, la Présidence de la République a appelé les Algériens à témoigner « leur attachement à la paix et à une vie paisible dans leur pays et avec le reste du monde ». La Présidence a pris le soin de nier indirectement toute mésentente avec l'institution militaire, en estimant que le défilé militaire aurait permis aux Algériens d'exprimer leur « admiration et leur reconnaissance » à l'Armée nationale populaire pour la lutte qu'elle a menée et continue de mener contre le terrorisme. L'annulation sine die de cette manifestation, retenue dans le programme des festivités initiales, a trait à des considérations de relations internationales. Quelques heures avant la publication du communiqué, le président de la République a précisé, lors de son allocution à l'Assemblée populaire nationale (APN), hier, que cette annulation est motivée par le souci d'apaiser les tensions entre l'Algérie et son voisin marocain. La Présidence a précisé en effet dans son communiqué que le peuple algérien démontrera ainsi sa « maturité » en plaçant cet événement sous le signe « de la réconciliation nationale et de la paix, à l'intérieur, avec les voisins et dans le monde ». Par « voisins », il est clair qu'il s'agit du royaume chérifien qui a accusé récemment l'Algérie de masser des troupes sur les frontières algéro-marocaines. Pis, des bruits de Palais persistants ont répandu l'information selon laquelle l'Algérie fournirait toujours une assistance militaire au Front Polisario. Des accusations doublées d'une cabale médiatique et d'un intense lobbying. Les services du chef du gouvernement ont vite fait de répliquer à ces accusations en leur opposant un démenti officiel afin, ont-ils précisé, d'éviter aux peuples des deux pays une « inquiétude sans fondement » et prendre ainsi l'opinion internationale à témoin. Dans cette optique, le communiqué entend dédouaner l'Algerie de toute intention belliqueuse en mettant en avant une « doctrine » résolument pacifiste. A l'APN, le président Bouteflika a déclaré que « l'Algérie, qui reste fidèle à ses principes, rappelle une fois encore qu'elle n'a aucun avantage à tirer de cette question (sahraouie, ndlr) ». « Nous souhaitons voir la logique de la sagesse l'emporter sur celle de l'entêtement et de l'impasse qui ne profite à personne », a-t-il ajouté. Mieux, M. Bouteflika a lancé un appel au Maroc et au Front Polisario à faire prévaloir la politique de bon voisinage, de fraternité, de coopération et du dialogue dans le cadre des lois et principes des Nations unies. « L'Algérie n'est pas partie prenante dans le conflit et n'est pas concernée par la situation ; elle reste la plus soucieuse de la sécurité des peuples de la région maghrébine », a-t-il conclu.