La cité El Gammas, l'un des quartiers les plus enclavés de la ville de Constantine, connu pour avoir été un nid de la subversion terroriste, amorce à présent un timide retour à la normale, avec la mise en place d'un programme ambitieux de « normalisation ». Un programme presque forcé, fruit de mouvements contestataires récurrents qui ont obligé les pouvoirs publics, en particulier la municipalité de Constantine, à concocter, fin 2003, à la hâte, un plan de désenclavement de cette cité déshéritée, longtemps considérée comme un réservoir électoral de la mouvance islamiste. Ce plan était destiné à étouffer la protesta et à rassurer les représentants du mouvement associatif sur les bonnes intentions des pouvoirs publics. C'est ainsi que l'on a consenti à réserver à cette cité une part de l'important portefeuille accordé à la ville de Constantine, qu'on a bitumé la chaussée et lancé deux ambitieux programmes de « connexion » de la cité avec d'autres quartiers, Boumerzoug et Sissaoui en l'occurrence. A cet effet, deux contrats ont été signés avec deux sociétés privées au cours d'une session de l'APC de Constantine tenue le 30 mai 2007, pour « raccorder » justement le quartier El Gammas à Boumerzoug et à Sissaoui par le biais de routes qui seront réalisées pour un montant respectif de 20 et 25 millions de dinars. Forcément, de pareils projets auront le mérite d'oxygéner un peu cette cité dont les locataires sont tributaires, depuis sa création, d'un seul accès situé en aval du 4e km. Pour rappel, il avait suffi qu'une couche de verglas recouvre la chaussée en mars 2004, pour que les automobilistes restent bloqués chez eux pendant plusieurs heures. Il faut souligner, toutefois, que cette amorce de développement de la cité, ou plutôt de remise à niveau, ne peut être profitable à la population tant qu'elle n'est pas suivie d'une véritable campagne d'éradication de tous les ingrédients qui ont longtemps permis aux terroristes d'en faire leur fief de prédilection. A-t-on pensé à des infrastructures de loisirs pour les enfants, proie privilégiée des terroristes, ou à l'éradication des bidonvilles qui ceinturent cette cité ? Pour l'heure, force est de constater que les pouvoirs publics se sont surtout intéressés aux maux d'El Gammas dans la forme plutôt que dans le fond.