Après deux semaines dominées par l'installation de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, la campagne en vue du scrutin des législatives des 10 et 17 juin est lancée. La droite sarkozyste part largement favorite d'une élection qui a toujours confirmé le résultat de la présidentielle lorsqu'elle est organisée dans la foulée. Le nouveau locataire de l'Elysée l'a fait savoir : il attend des législatives une large majorité pour pouvoir mettre en œuvre son programme, approuvé par 53% de français. Sarkozy s'investira en personne dans cette campagne pour ratisser large et, surtout, renvoyer à ses classes l'opposition socialiste, dont il a déjà séduit quelques ténors, à l'image de l'ex-french doctor, Bernard Kouchner, qui a accepté avec la plus grande satisfaction d'emménager au Quai d'Orsay pour s'occuper de la politique étrangère de la France. Le porte-parole du PS, Julien Dray, a dénoncé le gouvernement d'ouverture de Sarkozy, jugeant que c'était une manœuvre pour préparer les élections législatives. La bataille du Palais Bourbon a été lancée par le Premier ministre François Fillon, candidat dans son département de la Sarthe, dont il est l'élu depuis 1981 d'où il a redit l'exigence de Sarkozy : la majorité à l'Assemblée nationale pour réaliser les engagements que le président de la République a pris. Le seul risque pour la droite est la démobilisation des électeurs. Sonné par la défaite de sa candidate, fragilisé par ses dissensions internes et déstabilisé par l'ouverture pratiquée par Nicolas Sarkozy, le Parti socialiste espère limiter les dégâts, avec l'argument : une déferlante bleue donnerait tous les pouvoirs à Sarkozy. “Ce sont les Français qui seront en difficulté si l'UMP dispose d'une majorité écrasante à l'Assemblée nationale”, avertit François Hollande, le premier secrétaire du PS. Entre les deux forces traditionnelles de la France s'intercale le nouveau Mouvement démocratique de Bayrou, qui cherche ses marques. Bayrou, présentant 535 candidats, sait d'ores et déjà la tâche impossible avec la défection de 24 des 29 députés UDF sortants, qui se présentent sous la bannière de la majorité présidentielle. Quant aux autres partis, les sondages sont toujours aussi calamiteux que pour les élections présidentielles. Les communistes perdront leur groupe parlementaire. Même le Front national, dont l'inamovible chef espère un match retour victorieux après son cuisant échec à l'élection présidentielle, aura des difficultés à jouer les trouble-fêtes. Avec la droitisation de la France par Sarkozy, l'exploit de 2002 des Lepénistes n'est pas prêt à se rééditer. Les députés de l'UMP obtiendraient 40% des intentions de vote au premier tour des élections législatives, contre 28% pour le PS, permettant au parti présidentiel et ses alliés de disposer de 365 à 415 sièges à l'Assemblée, selon un sondage TNS Sofres-Unilog pour LCI-RTL-Le Figaro, rendu public hier. Globalement, l'UMP et les partis alliés décrocheraient 365 à 415 des sièges à l'Assemblée, le PS et ses alliés 137 à 153 sièges et le Mouvement démocrate 2 à 10 sièges. Le PC aurait entre 2 et 9 sièges. D. Bouatta