L'invité d'hier du journal de 13h de la radio Chaîne I, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, a voulu dissiper les « craintes » que suscite son projet d'amendement de la loi électorale. Lequel projet sera présenté prochainement à l'Assemblée populaire nationale et qui ne cesse de faire l'objet de vives critiques de la part de certains états-majors politiques, qui croient déceler une menace pour l'exercice du multipartisme en Algérie. Nous n'allons pas dissoudre les petits partis », a répondu le ministre. Les « assurances » du ministres et la « tolérance » qu'affiche le gouvernement envers les partis « microscopiques » buttent sur le fond de la démarche et les objectifs visés à long terme. Les amendements, qui seront apportés à la loi électorale qui ne « ciblent », d'après Zerhouni, « aucun parti » en particulier, viennent en réponse à « l'émiettement » de la scène politique et surtout pour combler les « failles » de l'actuelle loi électorale. Par « failles », le ministre entend surtout mettre un terme aux marchandages qui ont précédé à la confection des listes électorales lors des élections du 17 mai dernier. « Par le passé, nous avons connu tout type de business : la valise, le container, et nous découvrons lors de ces élections, le business des listes électorales », reconnaît-il. Une « véritable bourse » s'est créée, selon lui, lors de la course aux candidatures. « Pour être candidat dans une grande ville comme Alger ou Sétif, il fallait mettre sur la table 5 millions de dinars », observe Zerhouni. L'incarnation de ce « mal suprême », la corruption en milieu politique pour ne pas la citer : ce sont les « petits » partis et les listes indépendantes qui, d'après les propos du ministre, l'alimentent grandement. Indépendants et micro-partis doivent dorénavant se plier, à ses dires, à de nouvelles exigences qui seront énoncées dans la prochaine loi électorale. Désormais, affirme Zerhouni, la « règle générale », qui sera retenue pour valider toute candidature, passe par la réunion d'un « nombre minium de parrainages » citoyens. Des parrainages qui doivent être réunis dans la seule circonscription où le candidat postule. Une règle générale ? Pas tant que ça. Les « grandes » formations politiques et les « poids lourds », s'il en sont de la scène politique, ne seront pas astreints à ce régime. Les partis à ancrage national, précise le ministre, ne seront pas concernés par cette mesure « puisque, dit-il, les candidatures se font aux noms de ces mêmes partis et ce sont les militants qui les cautionnent ». La nouvelle loi définit, d'après le ministre de l'Intérieur, ce qu'est un « parti qui à une assise nationale ». Les critères pris en compte tablent sur les résultats obtenus par le parti lors d'une des trois précédentes élections législatives (2007-2002 ou 1997). Des résultats qui doivent être de l'ordre de 4% des suffrages exprimés à travers 25 wilayas du pays et à raison de 2000 voix par commune. « Pour ce qui des autres », dit le ministre, « les partis, qui n'ont pas encore percé, doivent se plier (…), à moins qu'ils fassent 4% dans les prochaines élections ou nous démontrent leur sérieux, ce jour-là, on leur dira bienvenus à la première division », ajoute-t-il sur le ton de la plaisanterie. Questionné sur le taux élevé d'abstention lors des élections du 17 mai et sur le risque que les locales soient également en proie à la désaffection populaire, le ministre de l'Intérieur étonne de nouveau son monde, en livrant une explication des plus singulières et des plus inattendues. Selon Zerhouni, l'abstention est due au « problème des mal inscrits » sur les listes d'électeurs. Il explique qu'entre 600 000 et 700 000 familles ont eu ces dernières années à changer de résidence où a être relogées ailleurs que dans leur commune d'origine sans que cela soit accompagné de la procédure d'usage, de radiation et de réinscription dans les listes des communes d'accueil. A cette masse d'électeurs nomades s'ajoute, d'après lui, un nombre important qui échappe au recensement. « Cela représente l'équivalent de 2 millions d'électeurs », soutient-il. Il annonce à ce titre que son administration s'attellera pendant cet été et en prévision des élections locales de novembre prochain à « assainir » les listes en question. Concernant le nouveau code communal et de wilaya, récemment critiqué au niveau de l'Assemblée nationale au motif que les nouveaux textes octroient de larges prérogatives à l'administration au détriment de celles des élus, M. Zerhouni ne s'est pas fait prier pour charger « froidement » les élus contestateurs. « Ceux parmi les élus qui présentent le projet de gouvernement sous de tels aspects n'ont pas examiné le texte avec attention », a déclaré le ministre. La nouvelle mouture du code communal et de wilaya accorde, selon lui, plus d'attributs aux walis et aux directeurs centraux, sans que cela soit fait « au détriment des Assemblées élus ». L'élargissement des prérogatives des représentants de l'administration est rendu nécessaire, à ses dires, par le souci d'instaurer l'efficacité dans la gestion des projets intersectoriels. « Le wali a la charge de coordonner l'action de tous les départements et c'est tout naturel s'il dispose de larges prérogatives », et au ministre de conclure que les élus, qui ont pour cible son texte, auraient mieux fait de « s'intéresser » au projet de la réforme de la fiscalité locale. Lequel projet, estime-t-il, constitue une avancée majeure et apporte des solutions concrètes aux problèmes du financement des collectivités locales.