Djilali Nedjari chante les choses quotidiennes, la vie qui l'entoure, auxquelles il infuse son lyrisme original. Dans sa poésie, nous trouvons l'alternance de la sérénité et de la mélancolie : « A quoi rêve-t-il mon compagnon Les yeux au plafond Immobile sur son matelas de crin Au soleil qui ne le brûle plus ? A cette lumière électrique froide et blafarde Qui baigne ses jours et ses nuits dans cette chambre plus humide qu'une cellule de prison ? La vie... Mon camarade rêve de la vie. » Contre le désespoir qui s'exprime dans la poésie algérienne de nos jours et contre ce qu'il appelle le sens de la mort, le poète réagit par une revanche de la pudeur, par la pureté technique et par l'évasion dans le rêve, dans le sentiment où la poésie peut atteindre un certain mystère, une harmonie : « Sensuelle, hésitante, indécise, elle dérive Gestes énigmatiques Le solo de la mandole s'étire Le chant l'habille Des chœurs se brisent sur la solitude La clarté s'installe Entre le rêve et la conscience éveillée. » La poésie de Djilali Nedjari est dépouillée d'oripeaux. Deux motifs s'entrelacent, le motif visuel et plastique et le motif musical, intérieur. Le dessin est pur ; la mélodie simple domine toujours la tristesse la plus intense : « Il est bien plus de minuit Et depuis longtemps alentour Les lumières se sont éteintes Après la faim, les colères, les soucis, Après l'amour... Nous sommes couchés côte-à-côte Ma campagne et moi De son visage immobile Je ne vois que sa pomme d'Adam qui se déplace au rythme de ses rêves. » La conscience voit passer les motifs contraires, les domine en les analysant, en spectatrice. Le ton de l'écriture du poète est celui de la confidence. Parfois, la poésie de Djilali Nedjari est pierreuse ; les éclaircies rares et arides poussent l'homme vers une existence végétative, une sorte de sourde inconscience : « Voici l'exil de sa présence Et les teintes pâlissantes La vue emportée par cet élan Brisée par cette couleur rouge Aucune réponse aux interrogations A la réplique de la couleur Cette toile vit Espaces-Océans Pics, hautes murailles Je sillonne la nuit froide Fuyant le soleil noir Au-delà du clair-obscur. » Si hermétisme il y a dans certains poèmes de Nedjari, il consiste plutôt dans le choix d'images simples, essentielles, en une certaine façon d'isoler une sensation ou une couleur. 1) D. Nedjari est journaliste à la Radio algérienne. Il a deux recueils de poèmes.