Le chef de la police des frontières du poste tunisien de Melloul, entre El Kala et Tabarka, qui, selon de nombreux témoignages, a jeté par terre aux passagers exaspérés qui les réclamaient des passeports algériens le 8 août dernier, a repris du service après quelques jours d'éclipse. El Tarf. De notre correspondant L'incident qui a provoqué un mouvement de colère a fourni l'occasion aux autorités tunisiennes de faire intervenir les forces de sécurité. Les responsables algériens de la PAF et des affaires étrangères (consulat d'Algérie à Kef), qui ont traité cette affaire avec leurs homologues tunisiens, ont été assurés que des sanctions seront prises si les faits rapportés s'avèrent exacts. Or nous apprenons qu'une « minutieuse enquête » menée par les autorités tunisiennes a donné une version différente des faits. Selon cette version, les passeports sont bien tombés par terre mais ils n'ont pas été jetés délibérément par le chef de poste, comme cela a été rapporté par les passagers. Il y a eu, effectivement, une bousculade à l'intérieur du poste de Melloul, mais avant que les passeports ne tombent par terre. C'est en fait la foule qui est à l'origine de l'incident, selon la version tunisienne qui reconnaît, ajoute notre source, qu'à ce moment-là la situation commençait à devenir incontrôlable. Cette version indique encore que le chef de poste qui venait d'être affecté à Melloul était aussi victime de la malveillance de certains de ses subordonnés qui ont usé de procédés déloyaux pour compliquer davantage la tâche du nouveau venu. Bref ! Le chef n'y est pour rien dans cette histoire de passeports et on n'a rien à lui reprocher. Et les autres aussi bien entendu. Admettons. En faisant mine d'oublier les propos déplacés et les insanités qui sont proférées quotidiennement. Mais des passeports algériens sont bien tombés par terre dans un poste tunisien alors qu'ils étaient entre les mains de la police tunisienne. Ce n'est pas une simple maladresse, on est bien d'accord. A qui la faute ? A la foule ? Admettons encore. Mais pourquoi y avait-il la foule et la pagaille ? Le passage frontalier El Kala-Tabarka est, par le nombre de passages annuels, le plus important du Maghreb. Entre les 16 et 17 août 2007, en 24 heures, il y a eu 12 000 passagers qui ont emprunté ce poste. On n'est plus dans les années 1970. Les choses ont bien changé depuis et elles évoluent toujours, au plus grand avantage de nos voisins. S'il y a eu cette agglutination que la version tunisienne rend responsable de l'incident, c'est parce que les structures, les procédures et le personnel affecté – souvent un seul agent – ne peuvent plus faire face au nombre élevé de passagers. C'est là où réside la source de toutes les frictions. Ensuite, il faut le savoir aussi, ce goulot d'étranglement n'est pas non plus pour déplaire aux trop nombreux fonctionnaires indélicats qui ont trouvé le meilleur moyen d'extorquer de l'argent aux familles qu'ils placent ainsi en situation de dépendance totale de leur bon vouloir. Beaucoup pensent que l'ouverture avant la fin de l'année du nouveau poste tunisien à Haddada, face au poste algérien, comme c'est le cas à El Aïoun, va éliminer ce genre de situation. « C'est faux de croire cela, car ce n'est pas seulement l'espace des locaux qu'il faut élargir, c'est aussi l'esprit et le cœur. » Le cœur, c'est de mettre du personnel en nombre suffisant pour alléger l'épreuve des passagers. La preuve, au poste tunisien d'El Aïoun, le problème du débordement reste entier, alors qu'il est en tout point semblable au poste algérien d'en face, où c'est manifestement plus fluide. Il y a certainement encore beaucoup à dire sur les postes algériens, mais on ne peut pas nier que le renforcement du personnel, aussi bien de la PAF que des douanes, ces dernières années a considérablement amélioré le délai des formalités. Dans les conditions normales, lorsqu'il n'y a pas de grande affluence, elles prennent moins de 15 minutes.