L'abri du sport nautique de Béjaïa, sous la houlette de l'association des plaisanciers, fait sa mue. Le petit parking automobile jouxtant le bassin est complet. Des familles viennent en fin d'après-midi pour goûter à la clémence des éléments et au charme du tableau. Elle est la bienvenue cette brise fraîche et chargée qui humecte le visage halé toute la journée par les chaleurs humides de la ville. L'ancienne ville, conçue en forme d'amphithéâtre est la toile de fond du spectacle, et, tout près des yeux, l'accostage des petits métiers qui rentrent d'une expédition payée d'une prise, quoique plutôt maigre ces derniers jours. L'œil est davantage amusé par quelques raies, gallinettes ou moustels dont certains manifestent encore quelques signes de vie apparents. C'est agréable et reposant. La terrasse de la cafétéria ne désemplit pas à cet instant de la journée. Aziz Khima, le président de l'association, nous accueille dans son coquet bureau où les trophées de ses compagnons pêcheurs ornent les murs : de superbes langoustes asséchées et passées au vernis. Au port, 95 embarcations mouillent de manière permanente dans les eaux calmes du môle. 25 occupent un corps mort (c'est l'appellation donnée aux postes d'accostage), juste l'espace de la saison estivale. Il s'agit de « passagers » qui viennent de l'intérieur des terres. M. Khima exhibe un registre où sont consignées une trentaine de demandes de corps morts qui pour l'instant « ne peuvent être satisfaites faute de places disponibles ». Il faudrait allonger le quai ou du moins réparer la partie de la digue endommagée. L'appel est adressé par notre hôte à l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB). Sa restauration ferait gagner à l'association « une dizaine d'emplacements supplémentaires ». Une rampe de sécurité a été également posée sur le bord extérieur de la digue. Elle est montée à partir de tubes récupérés mais la quantité est insuffisante pour cerner tout le promenoir, fait remarquer Zahir, un pêcheur. Les vestiaires sont aussi en nombre insuffisant et « l'autorisation d'en construire d'autres n'a pas été délivrée », a-t-il affirmé. « L'association est en train de redonner une âme au site », nous dit son président comme pour définir l'objectif de son association. Un travail qui, tout doucement, s'accomplit grâce aux cotisations des adhérents (les propriétaires de bateaux) qui s'élèvent à la modique somme de 300 DA mensuels, et aux donations (la cafétéria, le bureau sont montés grâce à ces dernières). Pour un début, deux mécanos assurent la réparation sur place et trois gardiens se relaient de jour comme de nuit. De même qu'un membre du bureau de l'association assure chaque jour la permanence jusqu'à ce que le denier plaisancier soit rentré. A ce sujet, on déplore l'interdiction de pénétrer dans les lieux si l'on y arrive après 19 h. Et des problèmes pourraient surgir, car 2 km séparent le poste de contrôle du sport nautique. Alors, un taxi ou un parent ne pourrait récupérer un pêcheur, dépassé cet horaire. Des plaisanciers se plaignent par ailleurs de la vitesse élevée des remorqueurs.