Le pain, subventionné par l'Etat, est destiné à la consommation humaine. On le trouve dans les mangeoires des vaches, entre autres animaux. Les ramasseurs de pain rassis viennent le matin, souvent les vendredis, sonner ou frapper aux portes des citoyens pour récupérer le pain non consommé de la semaine. Ce sont, la plupart du temps, des enfants qui font ce travail. Ils le ramassent et le mettent dans de grands sacs de farine et le vendent au prix de 80 à 100 Da le sac, aux bords des routes ou à des clients permanents. Certains acquéreurs viennent le prendre chez eux. Ces acheteurs sont des distributeurs, qui monnayent à leur tour cette marchandise, ou des éleveurs de bétail. Un fermier de la Mitidja nous affirme qu'un distributeur-livreur lui assure une cinquantaine de sacs par quinzaine pour un cheptel de quinze vaches. Il lui arrive de payer jusqu'à 170 DA le sac, surtout en hiver. Il mélange deux sacs de pain avec un sac de son. « Le son, qui est un déchet des minoteries, nous coûte trop cher. Nous le payons à 400 DA le sac de 25 kg. Nous sommes aussi touchés par la hausse des prix des céréales », nous dit-il. La vente de pain rassis est devenu un commerce bien établi. Durant le mois de Ramadhan, l'Algérien achète beaucoup de pain qu'il ne consommera pas. Ce gâchis persistera-t-il encore ?