Ce n'est pas la violence qui détruit les murs, mais les mensonges ». Cette phrase tirée du film Sur le mont Josaphat « y'a plus de pigeons » du Belge Jean-Marc Vervoort, résume à elle seule toute l'œuvre. Namur (Belgique). De notre envoyée spéciale En allant au fond de soi chercher l'enfant qu'on a été, on peut répondre à beaucoup de questions et régler des conflits qui rattrapent l'adulte que l'on est devenu. Opération difficile que de se regarder droit dans les yeux. Jean-Marc Vervoort le raconte cependant avec beaucoup d'humour et de dérision. Du moins dans la première partie du film. Ensuite, sourires et fous rires cèdent la place à l'émotion et à la compréhension. En gros, c'est l'histoire d'Alain, jeune journaliste réalisateur dans une chaîne de télé « proche des gens ». Après avoir fait un reportage politiquement incorrect, il est viré par son rédacteur en chef. Mais le big boss lui offre une dernière chance — limite empoisonnée — à savoir celle de faire un reportage sur la disparition mystérieuse des pigeons du parc Josaphat. Rien que ça ! Et comme un malheur n'arrive jamais seul, sa petite amie menace de le quitter à moins qu'il ne vienne assister à une thérapie de groupe animée par un gourou-psy-conseiller conjugal. Flanqué de deux techniciens sceptiques, Alain va de surprises en galères, avec des personnages atypiques, un plan biblique « chargé » de pigeons, et, au bout du compte, la compréhension… Alain, sa petite amie et d'autres personnages du film arrivent à sortir du mensonge, à dire ce qu'ils avaient sur le cœur, à défaire le boulet qui entravait leur bonheur. Chacun à sa manière et tous solidaires les uns aux autres…Tout un monde — dans la tête du réalisateur — sous l'œil d'une caméra franche et sans fioriture, un choix de cadres et de photos judicieux au décor simple mais amusant. Son talent, il l'avait démontré dès le début de sa carrière, en 1995, en réalisant un court métrage, la comédie burlesque Le pendule de Mme Foucault, qui lui avait valu pas moins de 23 prix dans différents festivals internationaux. Plusieurs autres avant-premières étaient au rendez-vous en cette deuxième journée du Festival de Namur, notamment Nuit d'Arabie (Luxembourg), de Paul Kieffer ; La vérité ou presque, de Sam Karmann (France) ; La lâcheté, de Marc Bisaillon (Québec), Le voyage du ballon rouge, de Hou Hsiao Hsien (France/Taïwan) et Cartouche gauloise, de Mehdi Charef (Algérie/France) qui a particulièrement ému l'assistance. Juste avant les prix qu'a reçu Jean-Marc Vervoort ! Le réalisateur a reçu le Prix de la société d'auteur SACD de l'audiovisuel et celui du Spectacle Vivant « pour saluer son dynamisme, sa générosité, son sens de l'image et de la mise en scène ». Les prix de la SACD sont assortis d'un accompagnement de l'auteur durant une année, sous la forme d'actes, d'événements et de soutiens.