Douze syndicats autonomes agréés par les pouvoirs publics et représentant les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de l'administration ont décidé de créer une confédération pour peser de son poids sur la scène syndicale. Le détonateur de cette initiative, première dans les annales du mouvement syndical en Algérie, est la nouvelle grille nationale des salaires et également la politique syndicale menée par le gouvernement consistant en l'exclusion des syndicats autonomes de toutes les négociations. Hier, lors d'une conférence de presse animée par les représentants des douze syndicats, en l'occurrence le CNES, le SNCP, le SNPDSM, le SNMAM, l'UNPEF, le SNAPEST, le SNTE, le SNPSP, le SNVPAF, le SNPSSP, le SNAPAP et le SATEF, ils sont revenus sur les raisons de leur rejet de la nouvelle grille des salaires et l'objectif visé à travers la création d'une confédération. A l'unanimité, les représentants des syndicats ont avoué que la grille des salaires a eu pour effet positif d'avoir amené les syndicats autonomes à se réunir et à se rassembler autour d'une coordination. Une coordination qui se transformera incessamment en confédération. « A court terme, nous avons prévu des actions sur le terrain, mais à moyen et long termes, nous allons mettre en place un plan d'actions afin d'asseoir et de construire les fondements de la confédération », a déclaré Dr Yousfi du SNPSSP, qui est convaincu, à l'instar de ses collègues, que cet espace est devenu une nécessité et reste le seul moyen pour faire avancer leur cause. « C'est la première fois que tous les secteurs se réunissent autour d'une même table pour débattre de leur avenir. La grille des salaires et la liberté syndicale figurent parmi les priorités. Nous sommes systématiquement marginalisés de tous les processus de négociations. La confédération sera alors le socle en matière de défense des libertés, du respect de la Constitution et des lois syndicales », a soutenu M. Mériane du Snapest. Les représentants des fonctionnaires ont affiché leur optimisme quant à ce nouveau front. Ils feront en sorte de s'appuyer sur les expériences faites de par le passé dans ce sens pour ne pas rééditer les mêmes erreurs. Les syndicats estiment que cette nouvelle grille des salaires n'est qu'un mirage et un leurre pour le fonctionnaire qui mérite une vie décente, car il est le moteur et la colonne vertébrale de la société. Il est donc temps, selon les syndicats, d'avoir une économie qui protège les fonctionnaires de l'inflation. Pour réparer cette injustice, les pouvoirs publics, de l'avis de nos interlocuteurs, doivent revoir leur stratégie. Dans ce contexte, les syndicats ont tenu à exprimer leur déception par rapport au comportement de la chefferie du gouvernement qui n'a même pas daigné les recevoir. Faut-il rappeler que la coordination a opté, avant d'aller vers un mouvement de contestation générale, pour une autre action, à savoir la remise d'une lettre détaillée de leurs revendications au chef du gouvernement ou à ses subordonnés. Ils se sont rendus hier au palais du gouvernement, mais quelle fût leur déception lorsqu'ils ont constaté qu'aucun responsable n'a pris la peine de leur ouvrir la porte pour accueillir au moins un membre de la délégation. « On nous a demandé de laisser la lettre au bureau d'ordre à l'image de tous les citoyens algériens. Comment voulez-vous que l'on ne riposte pas par une action d'une grande envergure. Nous demandons un peu d'égard envers l'élite et les fonctionnaires de ce pays », a expliqué M. Merabet du SNPSP. M. Rahmani explique que le combat et les revendications des syndicats autonomes ne méritent pas d'être diabolisés, ignorés ou considérés comme des épiphénomènes, « au contraire, ils constituent une chance et des ancrages solides pour une alternative capable de saisir les enjeux de fond de la situation actuelle et de prendre toute leur responsabilité pour conduire une véritable dynamique de progrès », a soutenu l'intervenant. En outre, dans le document déposé à la chefferie du gouvernement, les contestataires rappellent la nécessité de la mise en place d'une politique pourvue de stratégie claire de développement économique et social, ainsi que la mobilisation des compétences nationales à travers leur valorisation, sans omettre l'encouragement à l'émergence d'une politique économique productive de richesses. L'annonce des pouvoirs publics de la mise en œuvre d'un nouveau système de classification et de rémunération des fonctionnaires avait, feront remarquer les représentants des syndicats, suscité de grands espoirs au sein des différents corps de la Fonction publique, largement entretenus par le discours officiel et les interventions en fanfare de plusieurs hauts responsables concernés par le dossier. « Les pouvoirs publics avaient annoncé que ce nouveau système allait réhabiliter le fonctionnaire, en améliorant son niveau de vie, sérieusement érodé ces dernières années, cependant l'annonce des nouvelles mesures a vite fait de tempérer l'enthousiasme et a provoqué une réplique sans précédent de la part de toutes les organisations syndicales autonomes », ont tonné les représentants des syndicats. Le nouveau système de classification et de rémunération des fonctionnaires ne réhabilite nullement ces derniers et de ce fait, les syndicats constatent que le discours et les engagements des pouvoirs publics ne sont qu'illusions. Hier, les représentants des syndicats ont dénoncé la supercherie dont ont été victimes les fonctionnaires après des années d'attente et d'espoir, ainsi que la marginalisation des syndicats agréés et représentatifs dans l'élaboration des politiques sociales. Par ailleurs, les conseils nationaux des douze syndicats se réuniront après la fin du Ramadhan pour élaborer des propositions concernant les actions à entreprendre pour faire pression sur les pouvoirs publics. Les suggestions des différents syndicats seront soumises à la coordination qui décidera après leur étude d'arrêter une action commune. Notons que le CNES a d'ores et déjà opté pour une grève de trois jours prévue pour les 20, 21 et 22 octobre. Il est fort possible que ces dates soient retenues par la coordination.