Quelque 37 000 réfugiés palestiniens ont fui le camp de Nahr El Bared au nord Liban, théâtre d'affrontements meurtriers entre l'armée libanaise et Fatah El Islam. Entassés dans d'autres camps le Liban en compte une douzaine, ils vivent une situation désastreuse. Moins de 10% des Palestiniens sont retournés dans leurs maisons dévastées à Nahr El Bared. Une situation explosive. Dans quelles conditions vivent les réfugiés de Nahr El Bared qui sont actuellement éparpillés dans plusieurs camps du Liban ? De manière générale, les conditions de vie du réfugiés sont difficiles. Et la situation d'un réfugié « additionnel » est encore pire, voire inhumaine. Les familles sont entassées par dizaine dans une seule pièce, les écoles n'ont pas encore repris ; les maladies se propagent et la colère gronde. Car le camp de Naher El Bared a été complètement détruit sans que les réfugiés en soient la raison. De plus, ils savent qu'ils risquent de ne plus revenir dans ce camp. Parce que les promesses de dons — lors de la réunion des donateurs à Beyrouth début septembre — pour reconstruire Nahr El Bared sont en-deçà des espérances. Ensuite, il y a eu de précédents inquiétants : le camp de Nabatiyéh (sud du Liban) a été détruit en 1974 sans qu'il soit reconstruit ainsi que celui de Tel Zaâtar (banlieue de Beyrouth) en 1976. Ajoutons la situation de division politique libanaise : contesté, le gouvernement Seniora pourra-t-il concrétiser ses promesses de reconstruction ? Le gouvernement de Fouad Seniora a annoncé que Nahr El Bared passera sous son autorité. Quelles en seront les conséquences ? Beaucoup de questions inquiétantes sont soulevées par cette annonce : quel sera le rôle de l'UNRWA (l'organisme onusien chargé des réfugiés palestiniens) ? Est-ce que le gouvernement libanais pourra remplacer cette organisation ? Est-ce que tous les autres camps palestiniens passeront sous l'autorité du gouvernement ? Ce dernier peut-il agir sans les autres forces politiques libanaises ? Autre problème, le statut même des réfugiés palestiniens glisse vers celui de ressortissant libanais. En outre, on impose ainsi le désarmement des camps, comme le stipule la résolution controversée 1559 de l'ONU (votée en 2004, appelant notamment au désarmement et la dissolution de « toutes les milices », allusion au Hezbollah, aux mouvements palestiniens dans les camps et les milices chrétiennes comme les Forces libanaises). C'est une manière d'impliquer les Palestiniens dans les luttes politiques libanaises. D'ailleurs, la situation des Palestiniens au Liban a toujours été politisée. La situation des camps restent donc toujours explosive ? Le déni des droits que subissent les réfugiés palestiniens les poussent à émigrer ailleurs ou à tomber dans l'extrémisme. Ils vivent dans des conditions horribles, encerclés dans des camps qui s'agrandissent verticalement sur des surfaces délimitées. Nos jeunes et nos enfants (55% des réfugiés sont âgés entre 20 et 30 ans) sont dans la détresse : le taux de réussite au brevet de collège ne dépasse pas les 43 %. Toute une génération qui vit dans l'oisiveté vide. Un vide dont profitent les groupes extrémistes. Mais il y a également l'absence de forces politiques palestiniennes « classiques » dans les camps ? Nous ne responsabilisons pas que les autorités libanaises ou des parties étrangères. Il n'existe aucune référence politique palestinienne au Liban. Aucune autorité palestinienne ne peut négocier et défendre les droits des réfugiés face à l'UNRWA ou au gouvernement libanais. C'est pour cela qu'il faudrait organiser des élections de représentants dans les camps, donner l'opportunité aux réfugiés d'avoir une vie digne et, surtout, il faut regarder les Palestiniens comme des êtres humains, et non comme une menace démographique.