Ce sont des députés très critiques à l'égard de la démarche économique du gouvernement actuel qui se sont présentés hier à la première séance de débat du projet de loi de finances 2008. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a été interpellé à plusieurs reprises pour « justifier la politique économique » de son gouvernement. Les représentants du Rassemblement national démocratique (RND) à l'Assemblée populaire nationale (APN) ont particulièrement appuyé leurs interventions sur les secteurs de l'agriculture, du foncier agricole et industriel, de la réforme bancaire et financière, de la privatisation et du développement local. Le Front de libération nationale (FLN), El Islah, Nahda, le Mouvement pour la société de la paix (MSP) ainsi que le Parti des travailleurs (PT) ont également exprimé des réserves vis-à-vis de la gestion des affaires économiques du pays. Le parti dirigé par l'ex-chef de gouvernement Ahmed Ouyahia a été le premier à sortir une salve de critiques particulièrement virulentes à l'adresse du département de l'agriculture. En présence du ministre de l'Agriculture et de son délégué au développement rural, respectivement Saïd Barkat et Rachid Benaïssa, le député du RND pour la wilaya de Jijel, M. Zenir, a souligné l'« échec » de la politique jusque-là en vigueur. Tout en appelant à l'adoption d'une « nouvelle politique agricole », cet élu a proposé un plan Marshall de l'agriculture pour les Hauts- Plateaux et le Sud. Aussi, ajoute M. Zenir, « il est temps de régler définitivement le problème du foncier agricole ». Il est rejoint par Boutouiga Benhalima, du même groupe parlementaire, pour qui la question doit être « tranchée » soit en décidant de vendre les terres ou de décider la cession pour des périodes déterminées. Le FLN partage la préoccupation du RND. Ahmed Bennaï pose la problématique d'un point de vue d'accès au financement. « Aujourd'hui, nous avons des agriculteurs sans fonds d'investissement et des détenteurs de capitaux sans terres. » Une situation, dit-il, qui empêche les agriculteurs d'accéder aux crédits bancaires dès lors qu'ils n'ont pas d'actes de propriété. Sur ce point, ce député de la wilaya agricole de Aïn Defla a proposé l'exonération fiscale des agriculteurs sur les intrants de production (semences, outils, machines…). De son côté, le député Messaoud Chihoub (FLN) a axé son intervention sur le contrôle que devrait exercer le Parlement sur la destination des fonds publics. « Sans exercer de contrôle a posteriori, notre mission est incomplète », soutient-il avant de s'interroger sur les raisons qui empêchent le gouvernement de présenter la loi de règlement budgétaire. Il soulignera, par ailleurs, la nécessité de soumettre les fonds d'affectation spéciaux à la loupe parlementaire. « Ce n'est pas normal, s'insurge-t-il, que ces fonds ne soient pas contrôlés par les élus du peuple. » Le RND, pour sa part, appelle les ministres du gouvernement Belkhadem à venir justifier des dépenses sectorielles. Sans aller vers des propositions pratiques, les intervenants ont interpellé le gouvernement sur la lutte contre la spéculation, le soutien fiscal aux producteurs nationaux, le processus de privatisation et les transferts sociaux. Les débats se poursuivront aujourd'hui. Six autres séances sont encore au programme avant de passer aux questions orales. Le vote du budget 2008 interviendra le 10 novembre.